22 Décembre 2021
Ce qui est peut-être le plus manifeste dans toutes les cosmogonies, c'est la présence et le rôle fondamental d'une vaste étendue d’éther, ou de chaos, qui sera domptée par les démiurges qui feront naître toute sorte de créations et de créatures, fastes ou néfastes.
L'extrait suivant se trouve en ouverture des Métamorphoses d'Ovide (8 apr. J.-C.), un ouvrage qui peut être considéré comme l'ultime fruit d'une civilisation gréco-romaine qui sut transcender les concepts métaphysiques et théologiques pour créer des personnages mythologiques et littéraires où sagesses et moralités s'entremêlent aux sortilèges du destin. Rédigés en vers , les Métamorphoses sont ce qui pourrait se rapprocher le plus en Occident de la littérature puranique, où épopées et fables se mêlent à la poésie bucolique, au récit de voyage et aux dialogues philosophiques.
Le barde romain résume ainsi en quelques lignes un millénaire de croyances gréco-romaines :
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« Avant la création de la mer, de la terre et du ciel, voûte de l’Univers, la nature entière ne présentait qu’un aspect uniforme ; on a donné le nom de chaos à cette masse informe et grossière, bloc inerte et sans vie, assemblage confus d’éléments discordants et mal unis entre eux. Le soleil ne prêtait point encore sa lumière au monde ; la lune renaissante ne faisait pas briller son croissant : la terre, que l’air environne, n’était point suspendue et balancée sur son propre poids ; et la mer n’avait point encore étendu autour d’elle ses bras immenses ; l’air, la mer et la terre étaient confondus ensemble : ainsi la terre n’avait pas de solidité, l’eau n’était point navigable, l’air manquait de lumière ; rien n’avait encore reçu sa forme distincte et propre. Ennemis les uns des autres, tous ces éléments rassemblés en désordre, le froid et le chaud, le sec et l’humide, les corps mous et les corps durs, les corps pesants et les corps légers, se livraient une éternelle guerre.
Un dieu, si ce n’est la bienfaisante Nature elle-même, mit fin à cette lutte, en séparant la terre du ciel, l’eau de la terre, et l’air le plus pur de l’air le plus grossier. Quand il eut débrouillé ce chaos, et séparé les éléments en marquant à chacun d’eux la place qu’il devait occuper, il établit entre eux les lois d’une immuable harmonie. Le feu brille, et, porté par sa légèreté vers la voûte des cieux, occupe la plus haute région : l’air, le plus léger après le feu, se place auprès de lui : précipitée au-dessous, par sa propre masse, la terre entraîne avec elle les plus lourds éléments, et s’affaisse par son poids ; l’eau enfin se répandant autour d’elle, se réfugie au fond de ses entrailles et entoure sa solide surface. »
Extraits des Métamorphoses d'Ovide. Traduction par auteurs multiples, texte établi par Désiré Nisard, Firmin-Didot, 1850.
La cosmogonie romaine: Selon les Métamorphoses d'Ovide
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