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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

HERCULE et PYRÈNE (mythe romain)

Le mythe de Rudra parcourant l'univers en laissant tomber des parties du corps de Sati, trouvera chez le latiniste une résonance dans un épisode mineur de la vie mouvementée d'Hercule. Silius Italicus (26 - 101), écrivain romain, décrit en effet un des épisodes du passage d'Hercule en Gaule d'une façon identique à celle des Puranas : une femme (Pyrène / Sati) entre en relation avec un être marginal et hors caste, nomade, maître de la nature et puissant de sa propre force (Hercule / Rudra), ce qui aura pour conséquence sa mort (dévorée par les loups / auto-immolation), et son démembrement, ainsi que l'immense tristesse de son divin amant. Leur relation de toute façon était marquée du sceau de l'interdit (viol / interdit de la caste). Plus intéressant encore, Sati, l'amante de Rudra, est une incarnation de la déesse Parvati, dont le nom veut dire « Filles / princesse des montagnes ». Or, le corps de Pyrène donnera son nom à la chaîne de montagnes éponyme (Pyrénées)...

Voici l'épisode en question du mythe d'Hercule et Pyrène tel que raconté par Silius Italicus (26 - 101) dans Punica (3, 415 à 441).

 

« Du haut de ces montagnes couvertes de nuages, Pyrène voit de loin l’Ibère séparé du Celte, et occupe la barrière éternelle qui divise ces deux vastes contrées : c’est le nom de la vierge, fille de Bébryce, qu’ont pris ces montagnes : l’hospitalité donnée à Hercule fut l’occasion d’un crime.

Hercule se rendait, pour l’accomplissement de ses travaux, dans les vastes campagnes du triple Géryon. Sous l’empire du dieu du vin, il laissa dans le redoutable palais de Bébryce la malheureuse Pyrène déshonorée ; et ce dieu, s’il est permis de le croire, oui, ce dieu fut ainsi la cause de la mort de cette infortunée.

En effet, à peine eut-elle donné le jour à un serpent, que, frémissant d’horreur à l’idée d’un père irrité, elle renonça soudain, dans son effroi, aux douceurs du toit paternel, et pleura, dans les antres solitaires, la nuit qu’elle avait accordée à Hercule, racontant aux sombres forêts les promesses qu’il lui avait faites. Elle déplorait aussi l’ingrat amour de son ravisseur, quand elle fut déchirée par les bêtes féroces. En vain elle lui tendit les bras, et implora son secours pour prix de l’hospitalité.

Hercule, cependant, était revenu vainqueur ; il aperçoit ses membres épars, il les baigne de ses pleurs, et, tout hors de lui, ne voit qu’en pâlissant le visage de celle qu’il avait aimée. Les cimes des montagnes, frappées des clameurs du héros, en sont ébranlées. Dans l’excès de sa douleur, il appelle en gémissant sa chère Pyrène : et tous les rochers, tous les repaires des bêtes fauves retentissent du nom de Pyrène.

Enfin il place ses membres dans un tombeau, et les arrose pour la dernière fois de ses larmes. Ce témoignage d’amour a traversé les âges, et le nom d’une amante regrettée vit à jamais dans ces montagnes. »

HERCULE et PYRÈNE (mythe romain)
HERCULE et PYRÈNE (mythe romain)
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