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Arya-Dharma, l'héritage indo-européen

La bibliothèque numérique consacrée aux traditions et mythologies primordiales et indo-européennes

Le corpus ORPHIQUE

Si les corpus avestique et védique sont liés par une origine culturelle commune, qui est celle de la civilisation aryenne, le corpus orphique ne possède, a priori, aucun lien direct avec cette tradition. Cependant, à travers des valeurs telles que le végétarisme, la non-violence, l'importance des rites et le rôle essentiel de l'initiation, mais aussi grâce à des coutumes partagées, telles que la nudité des ascètes ou la sacralisation de la couleur blanche, l'orphisme peut tout à fait être associé aux sagesses indo-perses.

Dans Shiva et Dionysos, l'hindou français Alain Daniélou propose une véritable affiliation généalogique entre l'orphisme et le jaïnisme, ce qui suggère combien l'Europe et l'Inde pouvaient être en relation non seulement au premier millénaire avant notre ère, mais aussi au second et même avant.

D'autres auteurs ont compris l'orphisme comme un vestige de la culture paléolithique européenne. D'autres encore, influencés par les auteurs de l'Antiquité, considèrent toujours l'orphisme comme une tradition égyptienne introduite en Thrace et en Grèce. L'étude de la mythologie orphique suggère en effet une étroite relation avec la mythologie égyptienne, mais tout autant avec le monde indo-aryen. Par exemple, le mythe de l’œuf primordial présent dans l’orphisme, est aussi à l'origine de la cosmogonie égyptienne, mazdéenne et védique. De même, le mythe du sacrifice initial : représenté dans l'orphisme par le massacre de Dionysos, est aussi présent en Égypte sous la forme du démembrement d'Osiris et en Inde sous la forme de Purusha, l'être cosmique sacrifié pour que l'Univers soit. Quant au dieu initial de l'orphisme, l'hermaphrodite zoomorphe Phanès, il est sans aucun doute possible lié au Zurvan mazdéen, tandis que le Dionysos orphique évoque le Rudra védique.

L'orphisme apparaît dans la culture grecque vers le 6e siècle avant notre ère, mais les chercheurs s'accordent à penser que si un véritable maître spirituel nommé Orphée n’avait jamais existé, il aurait alors vécu quelques siècles avant que son courant de pensée ne devînt populaire dans les cités des brillantes civilisations méditerranéennes. On peut donc situer la vie d'Orphée vers -900, une date qui rejoint celles des compilations des Vedas et de l'Avesta.

Comme nous l'indique sa propre mythologie, Orphée était originaire de Thrace, une région située entre le nord de la Grèce, le Bosphore et la Bulgarie. Avant que ne rayonne le bassin méditerranéen et les civilisations gréco-romaines et sémites, le centre industriel et artisanal de l'Europe, mais aussi son cœur artistique et culturel, était situé plus au nord, sur les versants nord des chaînes balkaniques et alpines, dans un arc de plaines et de forêts qui reliait le Danemark, la forêt bavaroise et l'embouchure du Danube. Avant la fin du 3e millénaire, des peuples indo-européens y sont installés, comme les Daces et les Thraces, qui donneront leur nom à la région.

Tant sur le plan thématique, mythologique, géographique ou historique, il existe une réelle cohésion entre les traditions aryennes et orphiques. Il est donc pertinent de considérer le corpus orphique comme un témoignage de la tradition indo-européenne.

L'œuvre principale attribuée à Orphée est constituée des Hymnes orphiques, ils sont le plus riche corpus théologique européen préchrétien. Un corpus de ces hymnes fut retrouvé à Pergame (Asie mineure) avec une datation située entre 100 et 300 apr. J.-C. (la date exacte et l’auteur sont inconnus).

On attribue aussi à Orphée Le poème des Argonautes (L'Argonautique), une courte épopée racontant l’expédition de Jason vers la Toison d'or, ainsi qu’un ouvrage versifié sur les pierres et leurs propriétés curatives et magiques (Litica). Il existe par ailleurs un nombre important de fragments orphiques, la plupart transmis par des philosophes néoplatoniciens et par des apologistes chrétiens du début du premier millénaire.

Les célèbres lamelles orphiques font partie de cette catégorie. Il s'agit de petites plaquettes gravées de formules et placées dans la bouche des cadavres, afin de les aider à entrer au paradis plutôt qu'en enfer. On a retrouvé beaucoup de ces lamelles, en or comme en bronze ou en d'autres métaux moins nobles, particulièrement en Gaule et dans la péninsule italienne. Ces lamelles sont la preuve que l'orphisme ne se limita pas seulement à l'initiation hermétique de quelques prêtres et à l'établissement de quelques sectes, mais influença largement les pratiques funéraires européennes.

Orphée serait également l'auteur d'œuvres irrémédiablement perdues, dont un traité sur l’Astronomie, un autre sur la pluralité des mondes (un thème pas ailleurs à la base du jaïnisme) et enfin une théogonie (que nous sommes contraints de recréer, faute d'avoir accès à une version originale qui ne se trouve malheureusement pas dans les Hymnes orphiques).

Le corpus ORPHIQUE

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