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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

La COSMOGONIE et la THÉOGONIE NORDIQUE

La cosmogonie scandinave

La cosmogonie scandinave a aussi beaucoup subi l'influence du christianisme, de sorte qu'il n'est pas toujours évident de la relier de manière certaine à un passé viking panthéiste, voire pré-viking. Le mythe de Balder le fils des dieux bons, évoque beaucoup celui de Jésus le Messie. Le mythe du renouveau de la vie qui succède au Ragnarok évoque quant à lui la Jérusalem céleste. Enfin, comment ne pas sentir, dans l'Edda de Snorri tout du moins, et son récit du Ragnarok, que la défaite des dieux bons face aux forces déchaînées du mal, n'est autre qu'une vaste allégorie : perdant la bataille eschatologique, les dieux odiniques prouvent leur faiblesse et leur incapacité à dominer les forces obscurs de l'Univers. Seul un fils de dieu fait homme, « Balder-Jésus », permettra à la vie de recommencer, sur des bases solides et purifiées d'une assemblée de dieux vains, remplacés par un unique héros.

Remarquons cependant que la mythologie scandinave présente des mythes similaires à ceux des Perses, et qui s'expliquent par une origine proto-aryenne commune (donc subarctique et sibérienne). Le mythe du combat initial entre le feu et la glace, le combat dualiste entre les partisans du bien et ceux du mal, la victoire première de la glace, l'espoir en une résurgence finale du feu, en une victoire ultime de celui-ci, témoignent d'une pensée liée à un écosystème boréal, dominé par six mois cléments et six mois de neige et de nuit. Les Proto-Indo-Européens, ancêtres des Germains comme des Aryens indo-perses, seraient en effet originaires de Sibérie méridionale, entre les versants nord du Caucase et les versants ouest de l’Altaï, dans une bande de terre qui, au Paléolithique supérieur, bordait la limite sud des paléo-glaciers eurasiens.

La théogonie scandinave, en résumé

Extraits de Xavier, Marmier, Les Chants Danois.

« Les deux premiers êtres de la création sont le géant Ymir et la vache Authumbla. Ymir, dans son sommeil, enfante sous son bras gauche un homme, sous ses pieds une femme, qui forment la race des géants. La vache Authumbla lèche les rochers couverts de givre. Le premier jour, des cheveux poussent sur ces rochers, le second jour il en sort une tête, le troisième un homme tout entier. C’est Buri, l’aïeul d’Odin ; Odin a deux frères : Vili et Ve. Tous trois se réunissent pour combattre Ymir. Ils le tuent, et les torrents de sang qui s’échappent de son corps inondent la terre et noient les hommes de sa race, à l’exception de Bergelmer, qui se sauva avec sa famille dans un bateau. »

« Les petits-fils de Buri s’emparent du corps d'Ymir. Avec son cadavre, ils forment le monde ; avec son sang la mer, avec ses os les rochers, avec ses dents les pierres, avec son cerveau la voûte du ciel, qui repose sur quatre piliers ; avec sa cervelle les nuages ; avec ses sourcils la forteresse Midgard, qui environne l’univers et protège les hommes contre les attaques des géants. »

« La terre est ronde comme une bague, et tout entourée d’eau. La Nuit parcourt le ciel avec un char, et l’écume de son cheval produit la rosée du matin ; le Jour vient ensuite, et le mors de son coursier éclaire le monde. L’homme et la femme sont nés de deux arbres : le frêne et l’aulne. Les dieux leur donnèrent le mouvement, l’esprit, la beauté. L’homme s’appelle Aske, la femme Embla.

« L’arc-en-ciel est un pont bâti par les dieux pour rejoindre la terre au ciel. Il est de trois couleurs, mais la couleur rouge qu’on aperçoit au milieu est un sentier de feu qui empêche les géants de monter. »

« La demeure favorite des dieux est près du frêne Yggdrasil. C’est l’arbre le plus beau, le plus vigoureux qui existe. Il a trois racines qui s’étendent à une immense distance l’une de l’autre. La première touche à la demeure des Ases, et se baigne dans la source du passé ; le seconde repose dans la source de la sagesse. Le maître de cette source est Mimir ; il est le sage par excellence, parce que chaque matin il vient boire à cette source. Odin a voulu y boire une fois, mais il n’a pu obtenir cette faveur qu’en y laissant un œil. La troisième racine tombe dans la source des serpents. Le frêne Yggdrasil est l’arbre du monde, l’arbre immense dont les rameaux s’étendent sur la terre et montent jusqu’au ciel. Là les dieux tiennent leur assemblée ; là les trois Nornes président au destin des hommes ; là est l’aigle qui sait tout, mais là aussi sont les mauvais génies : l’écureuil qui court de branche en branche pour animer l’un contre l’autre le serpent et l’aigle ; le serpent qui ronge les racines de l’arbre, et les quatre cerfs qui viennent en manger les feuilles et les bourgeons. »

« Un jour, la haine qui existe entre les dieux et les mauvais génies éclatera, et le monde sera abîmé dans cette lutte des deux puissances. Il y a pour ce temps de calamité des pronostics annoncés par les poètes : trois longues années d’un continuel hiver, puis trois années de combats sanglants. L’égoïsme et l’avarice s’emparent de l’esprit des hommes ; les amis se trompent ; les frères égorgent les frères ; il n’y a plus de lien de famille, plus de dévouement, plus de vérité. La terre est livrée aux passions les plus effrénées, à la haine, à l’anarchie. Alors arrivent les ennemis des dieux : Loki, l’esprit du mal ; et le serpent né de Loki, qui de son corps monstrueux entoure la terre comme un anneau ; et Surtur, l’irréconciliable antagoniste des Ases ; et le loup Fenrir, dont les mâchoires en s’ouvrant touchent à la terre et au ciel. Le Naglfar [vaisseau de la fin du monde] flotte sur les eaux. La terre tremble, les rochers se fendent, les arbres tombent, les hommes meurent, la mer rompt ses digues, se répand à travers l’espace, et le ciel se déchire. Les dieux s’avancent contre les ennemis. Chacun choisit son adversaire ; chacun emploie dans ce combat effroyable tout ce qu’il a de force, de prévoyance et de fermeté. Thor écrase de son marteau la tête de la vipère ; mais il s’abîme dans le venin qu’elle a répandu. Tyr s’attaque au chien Garnir, et tous deux succombent après une lutte acharnée. Le loup Fenrir engloutit Odin dans ses entrailles. Vithus tue le loup ; mais Surtur embrase le monde. Le soleil devient noir ; la terre s’abîme dans la mer, la flamme, la fumée de l’incendie s’élèvent jusqu’au ciel ; les étoiles se détachent de leur place, et le ciel tombe.

Le monde est détruit : le monde renaît. Du milieu des flots surgit une création toute jeune, une terre couverte de fleurs et de verdure. Les jours sont beaux comme à l’âge d’or. L’homme n’a plus besoin d’arroser le sol de ses sueurs ; la terre se couvre elle-même de fruits. Les vices d’autrefois ont disparu, les douleurs d’un autre temps sont oubliées. Le bon Balder revient. Les Ases trouvent les tables d’or d’Odin, et se souviennent de ses prédictions. Tout se ranime, tout prend une nouvelle vie, et un palais d’or s’élève, un palais plus brillant que le soleil, où les justes iront jouir d’une félicité éternelle. »

La COSMOGONIE et la THÉOGONIE NORDIQUE

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