23 Décembre 2021
Légende puranique :
Alors que Rudra le dieu sauvage s'en revenait vers le mont Kailash, au sommet duquel il avait fait sa demeure, il rencontra une créature sans commune laideur, occupée à faire le mal et à pleurer.
« Comment t'appelles-tu ? » lui demanda Rudra.
_ Je suis Kubéra, lui répondit l'immonde créature. Je suis le roi des voleurs, écrasé sous le poids de mon triste karma. Voilà pourquoi je pleure, et voilà pourquoi je continue à échafauder des plans pour rançonner ceux qui s'en vont visiter les êtres qu'ils aiment. Je n'ai pas toujours été ainsi, continua-t-il, sentant en Rudra une oreille attentive. Comme tu me vois, ô Grand Dieu, je n'en suis pas moins le fils du prajapati Poulastya, mais celui-ci m'ayant aperçu à ma naissance, m’a laissé à ma destinée et m'a refusé ce qu'il avait offert à tant d'autres créatures. J'ai donc grandi seul, livré à moi-même et sous la risée de tous. Mon corps difforme, mes manière rudes, mes terribles désirs qui jamais ne furent assouvis, tout cela et bien plus fit naître de la peur puis de la gêne et enfin du mépris de la part de ceux qui auraient dû être mes frères et qui me considéraient comme un monstre. Dès lors, je voulus leur ressembler, avec leurs beaux vêtements, leurs belles femmes et moi aussi j'ai voulu posséder leur caverne remplie de pierres précieuses. Cependant, ce que je voulais, je l'ai toujours su, ce n'était pas les richesses, ni même le confort de leur lit et la chaleur de leurs femmes, mais seulement qu'on me regarde sans que mon allure n'inspirât le dégoût. Bien sûr, je n’étais pas toujours malheureux dans ma besogne à rendre les autres malheureux. Dans ma carrière de renégat, grâce aux métaux précieux que j'amassais, j'eus enfin droit, si ce n'est à leur regard, au moins à l’intérêt des femmes et même à leur compagnie. Cependant, après avoir mené cette vie un millier d'années sans discontinuer, et après avoir connu plus d'opprobres et de larmes que de joie, n'ayant toujours pas obtenu la reconnaissance de mes pairs, ni l'amour d'une femme, il me vint à l'idée de mettre un terme à la vie de monstre que je menais, pour me comporter en créature du Ciel, c'est à dire en fils de Shiva, le dieu qui n'ignore rien et saura me guider vers une vie moins triste en remplaçant mes fugaces plaisirs par un bonheur sans fin. Et voici que tu apparais, ô Shiva-Mahadéva ! Voici que tu me trouves après que j'ai passé ces milles dernières années à te vénérer en pleurant ma triste condition !
L'écoutant ainsi parler, Rudra compris que Kubéra ne fut jamais mauvais et même, qu'il n'avait cessé d'être un de ses fervents disciples. Touché par le démon, Rudra lui promit alors de réaliser un de ces vœux. Kubéra, sans hésiter, lui répondit alors :
« Comme tu peux le voir, je suis tel que l'on m'a fait, c'est à dire monstrueux d'apparence. Pourrais-tu donc corriger la nature et faire de moi l'égal en beauté d'un autre ? »
Le voyant enthousiasmé pour de telles raisons, Rudra lui dit alors :
« Que t'importe donc ton apparence physique si ton cœur est pur ? Ces milliers d'années de pénitences ne t'ont-elles pas appris cette noble et pourtant simple vérité ? Sache que tu dois mépriser ton corps car seule compte la pureté de tes intentions !
_ Dans ce cas, répondit Kubéra, je veux être célèbre, adoré et riche ! Toutes les créatures de l'univers sont esclaves de leur propre prospérité, je veux donc être si riche et si puissant que ce soit moi qui décide de leur propre prospérité ! Alors, enfin, je serai respecté. »
Dès lors, Rudra-Shiva fit de Kubéra le dieu des richesses matérielles, celles qui s'amassent durant une vie mais qui n'ont jamais possédé une quelconque valeur. Les Dévas lui firent alors une place au sommet du mont Mérou et Tvastar construisit même pour lui une cité céleste, au nord d'Indrapura, afin de garder cette direction contre les incursions possibles de créatures non désirées à Brahmaloka, le paradis des immortels.
Vedic Chanting | Rudri Path by 21 Brahmins
Rudri path by 21 brahmins. From powerful vedic chanting album Moksha.Shiva means supreme consciousness which is all pervasive and eternal. The verses in Rudr...