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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

L'haplogroupe R2 - Quelques hypothèses sur une pièce manquante

La pièce manquante : le peuple inconnu

Vers -25 000, en Sibérie centrale-orientale, apparaît l'haplogroupe R2, qui est donc plus ancien que les sous-groupes R1a et R1b. Cette lignée est associée aux premiers peuplements de la vallée de l'Indus, mais elle est aussi présente, plus tardivement, sur les hauts plateaux iraniens et arméniens et jusque dans le Caucase et dans le nord de l'Eurasie. Elle est par contre absolument absente dans les autres parties du monde (si ce n'est en petites proportions dans les populations gitanes d'Europe).

Vers -12 700, une variation génétique, R2a, marque l'arrivée de tribus porteuses de l'haplotype R2 dans les vallées d'altitude du Pamir et du Cachemire.

 

Les migrations des haplogroupes R1a, R1b, R2

 

Il s’agit de vallées verdoyantes, qui offrent l'hospitalité aux nouveaux arrivants. Les vergers sauvages y abondent et leur écosystème foisonnant est propice à la fois à la chasse mais aussi à la pêche (région des sept rivières) et à l’agriculture (la vallée de Srinagar est très fertile et naturellement irriguée).

Les vallées, les prairies et les cols où paissent les mammifères, favorisent la capture des premiers animaux domestiques, tandis que l'emplacement géographique isolé et escarpé empêche toute invasion et toute intrusion belliqueuse. Vers -10 000, la sous-classe R2a est séparée : les Proto-Indo-Européens méridionaux sont sédentarisés.

Vers -7000, la culture de Meghard, dans le sud de la vallée de l'Indus, annonce l'urbanisation de la région. L'agriculture intensive et raisonnée se répand sur les rives de l'Indus, probablement initiée par des communautés proto-dravidiennes. Dès lors, des vagues successives de communautés porteuses de l'haplotype R2 s'installent vers l'aval de l'Indus. Elles participent donc à la civilisation de l'Indus et en sont même une composante essentielle (présence du Pashupati de l'Indus, rôle de l'eau et minimalisme du culte, ...)

Suite à l'expansion méridionale de la civilisation indusienne, les porteurs de l'haplogroupe R2 migrent vers le Gujarat puis vers le pays dravidien, tout en restant très présents dans le nord du sous-continent, où ils organisent les réseaux des importations qui transitent vers l'aval de l'Indus (en particulier le lapis-lazuli dont les mines sont situées au nord du Pamir, mais aussi le bois d'Himalaya, le musc, l'opium, le charas, la zibeline et les bijoux en pierres ou en coquillage). Ils fonderont même une communauté dans le Caucase, de l'autre côté de la principale voie commerciale terrestre qui traverse l'Iran et l'Anatolie.

Vers -6800, à la suite de ce mouvement vers l'ouest, apparaît la variation de l'haplogroupe R2a R-L295 (distinct vers -5000). Les populations qui en sont porteuses s'installent à travers les plateaux iraniens et anatoliens (Kurdistan) et surtout en Géorgie.

Ces lieux pourraient figurer la zone de transition vers les steppes européennes de la tradition initiatique proto-jaïne (indusienne) que l'on retrouvera plus tard dans la tradition thrace de l'orphisme.

De la même manière, cette route commerciale qui relie le nord du sous-continent indien au Caucase, ainsi que la mer Caspienne à la mer Noire, pourrait aussi avoir été le vecteur de la transmission vers les steppes (habitat vers -3000 des Proto-Celto-Germains) du culte animiste du Pashupati (qui se retrouve chez les Celtes dans la divinité Cernunnos et chez les Germains dans la pratique divinatoire du seidr).

Enfin, depuis le golfe du Bengale, des communautés porteuses de l'haplogroupe R2 navigueront vers l'île de Lanka, où l'on trouve la présence de l'haplogroupe R2 en proportion significative. Elles précéderont ou accompagneront les colonisations aryenne et tamoule de l'île.

La présence de l'haplogroupe R2 au Sri Lanka peut aussi s'expliquer par l'assimilation de communautés R2 à la civilisation dravidienne, ce qui impliquerait leur participation à la colonisation tamoule de l'île.

 

Quelques hypothèses

Résumons nos hypothèses sur la présence en Inde des porteurs de l'haplogroupe R2 :

 

1. Les porteurs de l'haplogroupe R2 installés en Inde partagent une langue commune héritée du proto-indo-européen. Cette langue se rapproche de la famille indo-iranienne, mais elle possède une généalogie qui la relie directement au proto-européen parlé dans la steppe sibérienne avant le maximum glaciaire et l'éclatement des populations de l'haplogroupe R en sous-groupe R2, R1a et R1b.

 

2. Les porteurs de l'haplogroupe R2 participent aux prémices, au zénith et à la chute de la civilisation de la vallée de l'Indus.

 

3. Une vague migratoire établit des colonies de l'haplogroupe R2 sur les hauts plateaux iraniens, anatoliens et dans le Caucase (où perdura une communauté prospère). Il s'agit de points de contrôles des routes commerciales qui relient les mines de l'Eurasie aux marchés de l'Indus. En établissant des colonies et en commerçant avec les territoires associés à la présence des haplogroupes R1a et R1b, les communautés porteuses de l'haplotype R2 continuent à côtoyer les ethnies plus typiquement indo-européennes.

La route commerciale qui relie la mer Noire à l'Indus par les cols du Pamir favorisent la diffusion du culte du Pashupati indusien, qui devient Rudra en pays aryen, Dionysos en Grèce et Cernunnos en Gaule.

Depuis le Caucase et à travers la steppe ukrainienne, la spiritualité ascétique de l'Indus se diffuse jusqu'en Thrace et inspire très probablement l'orphisme.

 

4. De -7000 à -500, des mouvements migratoires successifs mènent les porteurs de R2 vers le sud du sous-continent. Les communautés porteuses de l'haplogroupe R2 se métissent avec les communautés dravidiennes (locutrice du proto-tamoul). L'haplotype R2 est donc présent chez les populations dravidiennes du sud du pays et du Sri Lanka. Les langues indo-européennes parlées par les membres de l'haplogroupe R2 disparaissent.

Les Dravidiens étant une des composantes démographiques de la civilisation de l'Indus, le métissage des porteurs de l'haplotype R2 a pu commencer bien plus tôt (dès -10 000 à -7000).

 

5. Bouleversées par les changements politiques et sociaux engendrés par la fin de la paisible civilisation de l'Indus, la culture et la langue des porteurs de R2 disparaissent, incorporées aux cultures dravidienne et aryenne.

L'effondrement de la civilisation de l'Indus entraîne un exode urbain. Les porteurs de l'haplogroupe R2 se déplacent vers les campagnes, puis vers les montagnes (Les montagnes sont les derniers refuges des cultures en danger d'extinction. On pourrait citer en exemple les Pyrénées qui hébergent les Basques, une des dernières ethnies pré-indo-européennes du continent européen.)

Leur exode est amplifié par les invasions aryennes (v. -1500 à -500). À la suite des invasions aryennes, une dernière vague migratoire porte des membres de l'haplotype R2 vers les rivages de l'océan indien et les ghâts orientaux du Deccan.

 

6. À la suite des migrations aryennes (constituées de porteurs de l'haplotype R1a), les porteurs de l'haplotype R2 se mélangent aux Aryens des castes supérieures. En témoigne le taux de porteurs de R2 qui est plus élevé chez les castes moyennes et supérieures du sous-continent plutôt que chez les castes inférieures (le phénomène inverse s'observe avec les populations indigènes mundas ou négritos, qui sont surreprésentées dans les castes inférieures).

La présence de l'haplogroupe R2 parmi les castes supérieures indiennes témoigne qu'avant les invasions aryennes, l'haplogroupe R2 était largement diffusé parmi les classes dominantes indiennes. Cela témoigne aussi de la proximité ethnique et culturelle qui unissait Aryens (R1a) et porteurs locaux de l'haplotype R2. La langue de type indo-européenne, mais aussi l'économie d'import-export depuis la route du Caucase, rapprochaient les deux ethnies, de sorte que les Indiens membres de l'haplogroupe R2 ne furent pas traités par les Aryens en ennemis, ni en peuple soumis. Ils furent donc tout naturellement les premiers à se mélanger aux castes supérieures aryennes.

 

7. Le passage du védisme polythéiste au brahmanisme monothéiste est une probable influence de la spiritualité indusienne.

Après seulement quelques siècles de présences en Inde, les Aryens délaissent leur panthéon composé de plusieurs dizaines de dieux auxquels on sacrifie parfois des troupeaux entiers, pour que seul demeure un concept : le Brahman (qui n'est pas tant un dieu qu'un domaine divin seulement accessible aux sages).

Le brahmanisme marque un changement important dans la spiritualité des Aryens : ces derniers se sédentarisent et aspirent à une spiritualité plus élaborée, qui donnerait moins d'importance à la virilité et à la guerre, et beaucoup plus à la spéculation métaphysique et au salut de l'âme.

 

8. La civilisation associée aux porteurs de R2 a survécu en Inde antique puis moderne, en particulier dans les langues montagnardes nuristanis et dans les spiritualités shivaïte et jaïne.

L'haplogroupe R2 - Quelques hypothèses sur une pièce manquante
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