24 Janvier 2022
L'historicité du Bouddha n'est pas remise en doute. Celui qui se nommait Siddhartha Gotama Shakyamouni aurait donc vécu entre 1000 (selon la chronologie hindoue) et 460 avant notre ère (pour les estimations historiques les plus récentes). Le prince Siddhartha était l’héritier du clan des Shakyas, un humble royaume situé au pied de l'Himalaya et à l'entrée de la plaine gangétique. Siddhartha refusa cependant de prendre la relève de son père et se consacra plutôt à la recherche du bonheur (c’est-à-dire l'absence de souffrance).
Tout comme Jésus, Bouddha est un personnage historique qui n'en demeure pas moins légendaire. De son vivant, le Bouddha ne se prétendait pas divin, mais après sa mort, son école fit de lui l'égal d'abord d'un saint, puis d'un dieu. La vie du Bouddha, dans ses étapes essentielles, est classique pour un moine errant, mais au fil du temps, elle fut affublée de toute une série de paraboles, de miracles ou de fables, associés artificiellement au canevas d'origine. Colportée du Tibet en Indonésie, au gré des ajouts que lui apposaient les différentes écoles et leurs différents bonzes, la vie du Shakyamouni devint absolument légendaire.
Avant qu'il ne devienne l'objet d'un culte fanatique, et que des statues soient sculptées à son effigie et érigées en son honneur, le Bouddha et sa parole se diffusèrent avant tout sous la forme de fables. C'est ainsi que le prince Siddhartha Gotama Shakyamouni est devenu le protagoniste de tant de récits merveilleux et de tant de miracles. Par exemple, absent des premières recensions indiennes, l'épisode fantastique de Bouddha voyageant en mer puis chavirant, pour ensuite être mangé puis régurgité par un poisson, est un ajout thaïlandais tardif.
La triade bouddhiste repose sur l'unique figure du Bouddha, mais déclinée sous trois formes différentes. Il s'agit tout d'abord de Bouddha Amitabha, l'être cosmique, créateur et omniscient, sans commencement ni fin, lequel s'est incarné en Bouddha Siddhartha Gotama Shakyamouni pour enseigner aux hommes le moyen de se libérer du samsara. Bouddha Maitreya clôt le cycle en figurant le Bouddha du futur, l'annonciateur de la fin des temps, donc du renouveau du cycle de la vie (Maitreya étant une figure tout à fait proche de Kalki, le cavalier de la fin des temps des traditions vishnavites).
La représentation idolâtre de Bouddha le présente invariablement seul, assis en tailleur, en position de méditation (souvent la position du Lotus), sous l'arbre de la Bodhi, « l’arbre de l'intelligence », sous lequel il atteignit l'Illumination (Moksha en sanskrit). Il ne porte qu'une toge orange, couleur des renonçants. Il a les mains ouvertes, en position d'enseignement ou de compassion. Il ne tient pas d'arme. Sa maigreur témoigne de ses années d'abstinence. Il sourit, mais ses yeux ne sont pas ouverts comme ceux d'un chasseur ou d'un guerrier, mais mi-clos, à la manière de Shiva méditant. Auréolé de lumière, Bouddha est présenté la peau dorée, signe de son intelligence.
Le culte idolâtre de Bouddha est relativement tardif. Pour les premiers bouddhistes, Bouddha n'est pas une divinité, mais un exemple, celui qui a trouvé un moyen de rejoindre le nirvana et qui l'a partagé à ses disciples. Ce n'est que plusieurs longs siècles après sa mort que s'érigèrent les premières statues en l'honneur de Bouddha, dont le culte était avant cela strictement non figuratif, à la manière des coutumes juives ou musulmanes actuelles. Les premières statues du Bouddha furent l’œuvre de la civilisation gréco-bouddhique, qui importa de Grèce le style soigné et glorieux des statues en pied (technique que les Grecs empruntèrent, en la magnifiant, aux Égyptiens).
À la fin du premier millénaire, entrant au Tibet, le bouddhisme se mêle aux cultures locales primitives et chamaniques, pour lesquelles le totem et les circonvolutions représentent un aspect essentiel de la pratique du culte. Plus d'un millénaire après sa mort, la figure du Bouddha devient donc celle qui orne les temples dorés du haut plateau tibétain, mais aussi de Mongolie ou des états indo-européens outre Himalayens de Sogdiane et de Bactriane. Sont alors érigées des statues de Bouddha dépassant allégrement les dix, vingt, voir trente mètres et plus, comme pour la colline sculptée de Leshan en Chine (71 m) ou les fameux bouddhas de Bamiyans en Afghanistan (dynamités par les Talibans).
Dans le bouddhisme tibétain, le culte de Bouddha reconnaît non seulement toute une lignée de bouddhas terrestres, mais aussi de nombreux bouddhas cosmiques, lesquels sont attachés à une vertu (compassion, générosité, etc.) ou à une dimension particulière (passé, présent, etc.) Le Bouddha historique n'est alors plus qu'un Bouddha parmi tant d'autres.
La tradition tibétaine distingue cinq bouddhas primordiaux, qui sont Vairocana Amitabha, l'être cosmique originel, Akshobhya, Amoghasiddhi et Ratnasambhava. Les bouddhas du passé sont Sumedha et Vishvantara, tandis que le bouddha du futur est Maitreya.
Depuis, la position du bouddha en méditation est devenue une icône pop occidentale, et ses statuettes ornent même les centres commerciaux et les jardins d'Occident. Plus qu'une simple idole à vénérer, car Bouddha n'agit pas sur la Création et ne peut donc pas répondre aux prières, les statues de Bouddha sont des supports, permettant de focaliser l'attention en vue de mieux méditer. En somme, rien ne différencie vraiment le rôle d'une icône de Bouddha du rôle d'une icône de Shiva ou de Krishna, seul change la symbologie et la méthode, que choisira le dévot pour se rapprocher du divin, qui lui-même est sans nom, sans apparence, ni état.
Si les temples tibétains peuvent héberger des trésors d'offrandes entourant des statues de bouddhas pailletés d'or qui dépassent parfois les cinq mètres de haut, la tradition indienne du Bouddha ne suggère même pas un prasad (offrande sucrée) ni une offrande à Bouddha, mais simplement une prière appliquée et généreuse.
Dans la tradition chinoise, marquée par le zen et la débonnaireté typique de la culture han, Bouddha est représenté obèse, hilare, les mains levées au ciel en signe de salut, apparaissant visiblement saoul (il est le « dieu de la joie »). Il s'agit pour les Chinois de vénérer la dimension jouissive du Bouddha, qui est celui qui, après s'être infligé tant de souffrances, accepta de jouir à nouveau de la vie, en se nourrissant, donc en acceptant de vivre. Les Chinois, peuple débonnaire, trouvent dans Bouddha une figure qui leur est plus familière que celle du rachitique yogi qu'affectionnent tant les Indiens, marqués par l'ascétisme de l'hindouisme plutôt que par le pragmatisme du zen.
La doctrine bouddhiste se résume à ce que l'on nomme les quatre nobles vérités, qui sont quatre observations que le Bouddha a pu faire à travers ses années d'ascétisme.
La première des quatre vérités est que la vie est souffrance. La seconde est que l'attachement des êtres aux choses et aux êtres est à l'origine de cette souffrance. La troisième vérité est qu'il est possible de s'affranchir de cette souffrance. La quatrième est qu'il existe un chemin vers la libération, que propose d'emprunter la doctrine du Bouddha.
Les principes essentiels du bouddhisme sont la non-violence (ahimsa), sauf en cas d'autodéfense, mais aussi l'absence de jugement envers les pensées ou les actes d'autrui et la pondération dans les actes, les paroles et les opinions.
Bouddha est présenté comme un modèle de vie ; il est charitable, compassionnel, humble et capable de compromis. Si le Bouddha est souvent prié comme une idole, surtout au Tibet, sa divinisation n'était pas encouragée de son vivant. Bouddha n'est en effet pas un dieu, mais un homme qui a su trouver la paix intérieure et qui enseigna sa doctrine afin qu'un plus grand nombre en profite.
Le bouddhisme n'est pas tant une religion, qui interdit, tolère ou encourage, mais plutôt une philosophie qui accompagne l'individu dans sa quête du bonheur. Pour le bouddhisme le bonheur se définit comme l'absence de joie et de peine.
Bouddha ne s'est pas présenté, ni n'a jamais été adoré comme un prophète, ou comme le porte-parole d'une divinité quelconque. Au contraire, il refusa souvent de qualifier les dieux (dévas), et même de se prononcer sur leur existence. Pour Bouddha, qui eut maintes fois l'occasion de s'entretenir de ce sujet avec ses disciples, l'origine du monde et la nature des dieux, étaient des problématiques qui dépassaient l’entendement humain et qu'il était donc préférable d'ignorer. Ne pas se focaliser sur ce qui est vain est en effet à la base de la doctrine bouddhiste.
Bouddha est le sage parfait car il est capable de tolérance, d'absolution et même de doute et d'erreur. Ce n'est en aucun cas un prophète, dans le sens où il n'est le messager d'aucune divinité qui lui serait supérieure. Plus encore, le prince Siddhartha Gotama a atteint, par la méditation et le dépassement de soi, un statut qui dépasse celui des dieux.
La doctrine du Bouddha naît dans un contexte de doute croissant envers les pratiques superstitieuses védiques. Tout comme le jaïnisme ou la secte matérialiste Charvaka, la doctrine bouddhiste récuse les dieux, qu'ils soient Dévas (Indra, Varuna, Agni, etc.) ou Mahadeva (Shiva), pour préférer une recherche individuelle de la sagesse. Les dieux ne sont plus considérés comme des médiateurs, mais plutôt comme des obstacles à l’épanouissement de l'âme humaine.
C’est la dissolution totale que recherchent les pratiquants de ces sectes révolutionnaires et non les faveurs d'une divinité particulière. Les rituels védiques sont donc abandonnés par les pratiquants du bouddhisme et du jaïnisme, qui leur préfèrent la méditation, ou la vie ascétique et strictement végétarienne. L'Ahimsa (non-violence envers le vivant) remplace le devoir d’entretenir le feu sacré ou de saluer le soleil lors de son passage dans le ciel.
Dans le bouddhisme, les dieux, même très puissants, sont aussi assujettis au cycle des kalpas et des yugas et s'ils sont pour la plupart éternels, tous s'incarnent, se désincarnent, et se transforment, ce qui fait d'eux aussi des sujets de la matrice universelle, au même titre que les êtres humains ou les animaux. Les dieux ne sont pas exempts de souffrance, de doute, ni de responsabilité, ce qui peut faire de leur existence même une pénitence. Un bouddha est donc celui qui a compris que la position des dieux n'est pas enviable, et que seul un détachement complet et absolu envers toutes les dimensions de l'existence peut être une quête digne d'être menée en vue du bonheur, c’est-à-dire, en d'autres termes, l'absence du sentiment de la souffrance.
Siddhartha Gotama incarna une alternative à l'omniprésence brahmanique dans les pratiques religieuses et dans les débats théologiques, philosophiques et ésotériques. Bouddha fut la preuve vivante qu'il était possible à un être humain non-brahmane d'accéder par lui-même et sans l'aide des brahmanes, ni de leurs dieux, à la véritable nature de l’existence (le Brahman, le sunyata, le para-nirvana.) Le Bouddha enseigna comment trouver le salut sans même l'intervention d'un rituel ou d'une prière védique, mais seulement grâce à une introspection impeccable et à l'adoption de quelques principes de base théologiques et philosophiques.
Dans le bouddhisme, le samsara est un cycle de malheurs et de souffrances. À la place des mille dieux, Bouddha ne voit qu'une multitude de souffrances, qu'il se propose de remplacer par un immense vide intersidéral. Ce vide n'est rien d'autre que le Brahman, l'âme cosmique de l'Univers : l'objectif de tous les sages d'Orient depuis la nuit des temps. Au lieu de coopérer au maintien de l’Univers par les rituels et l'adoration des dieux, Bouddha prône une fuite individualiste vers la dissolution totale de l'âme humaine. Contrecarrer le cycle du samsara, voilà quelle était la méthode bouddhiste pour atteindre le bonheur, c’est-à-dire le détachement absolu.
Incarnation propre à l'ère qui l'a vu naître (Kali Yuga) Bouddha est particulièrement adapté au dernier âge de l’humanité, celui qui précède le déluge et dans lequel règnent l'inversion, l'oubli des traditions, l'anarchie et la décadence. Bouddha est à l'image de ceux qui composent cette ère culturelle cyclique ; il ne reconnaît ni l'autorité intemporelle des dieux védiques, ni celle temporelle des brahmanes.
La figure du Bouddha est très proche de celle de Jésus :
Le Nouveau Testament présente un Jésus moine errant, dispensant un sermon universel (sermon se dit « sutra » en sanskrit), en rupture avec l'ordre établi (juif pour Jésus, brahmanique pour Bouddha).
Tout comme Bouddha, le personnage de Jésus s'exprime en parabole.
Comme le prince héritier Gotama se fit surnommer le « joyau des Shakyas », le Galiléen reçut celui de « roi des juifs ».
Comme Jésus qui commença son ministère de rabbi vers 30 ans, le prince Siddhartha dépassait la trentaine et était déjà marié et père d'un fils quand il décida de s'enfuir en secret du palais.
Les naissances de Bouddha et Jésus évoquent la même situation : c'est durant un rêve que la reine des Shakyas fut mise au courant de la naissance prochaine d'un être extraordinaire, et c'est l'ange Gabriel qui se représenta à Marie pour lui annoncer la Bonne Nouvelle.
Prétextant qu'il ne pouvait rompre son vœu d'ascétisme et qu'il ne voulait pas troubler la sérénité du Sangam (la communauté de ses disciples), Bouddha refusa deux fois de revoir sa tante Mahamaya ; laquelle souhaitait pourtant entrer dans son ashram et se faire moine. Entouré de ses disciples, dans une situation similaire, Jésus traita sa mère avec la même dureté :
Quelqu'un lui dit : « Voici, ta mère et tes frères sont dehors, et ils cherchent à te parler. » Mais Jésus répondit à celui qui le lui disait : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » Puis, étendant la main sur ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Car, quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère.
Concernant leur fin tragique : Jésus et Bouddha meurent en public, sous les regards attristés de leurs disciples, puis montent au ciel pour rejoindre Dieu-le-père, ou le Brahman.
Les divinités Rama et Krishna placeront à jamais l'hindouisme dans le cœur des habitants de l'Inde, mais avant que ne soient largement diffusées leurs épopées, le védisme était une religion de dieux titanesques et élémentaires, dont la personnalité n'était perceptible qu'aux initiés. Les brahmanes détournant souvent les deniers du culte, les princes et monarques de l'Inde du Nord furent séduits par le bouddhisme ; une sagesse qui, pour être comprise, ne réclamait ni le rituel, ni la naissance, ni la caste.
Depuis le premier prêche du Bouddha à Sarnath, le bouddhisme connut un essor foudroyant à travers le sous-continent. Ce qui plaisait particulièrement dans cette nouvelle religion, c'était qu'elle n'acceptait ni comme bénéfique ni comme fondamental le système des castes. Si le Bouddha historique ne s’était jamais prononcé en faveur du système des varnas et jatis, hérité du brahmanisme, il ne l'avait pas non plus dénoncé.
Comme en de très nombreux sujets, le bouddhisme avait adopté une position humble, pleine de compromis et de non-dits, permettant à chacun de vivre à sa manière, et donc de faire les réformes qu'il juge nécessaires à l'évolution de sa morale et de sa société. Ce qui était particulièrement séduisant pour les nouveaux adeptes du bouddhisme, c'était que la figure tutélaire n'était ni un concept, ni une divinité fondamentale, mais un homme, semblable à n'importe quel autre homme, mais qui aurait été assez sage, assez inspiré, pour rompre ses attaches et montrer le chemin du détachement absolu.
S'il ne critiquait pas ouvertement les traditions brahmaniques et en particulier le système des castes, le Bouddha ne les encourageait pas non plus. La doctrine bouddhiste se voulant plus une réflexion sur la condition humaine, qu'un cadre défini de règles divines et de rituels à respecter. Cette doctrine ne pouvait que séduire les lettrés, en quête d'une métaphysique que les rituels védiques ne proposaient pas. Les populations les plus pauvres étaient aussi attirées, car la doctrine bouddhiste leur proposait une libération qui ne passait ni par la rétribution des brahmanes, ni par l'intermédiaire des dieux brahmaniques.
Enfin, né sur un terreau hindou, le bouddhisme ne souhaita pas s'en défaire, ni créer aucun schisme violent, gardant les grandes lignes du Sanatana Dharma (« Loi éternelle ») en se contentant de faire de la moksha, (« Illumination »), un but premier à atteindre, ou au contraire un but à ne plus chercher à atteindre. De fait, la caste des brahmanes n'avait pas jugé bon de se dresser contre cette nouvelle secte, qui, en bien des points, était fidèle à sa propre tradition.
Durant les siècles qui suivirent la mort du Bouddha, sa parole trouva un écho très favorable chez les castes nobles comme les kshatriyas et les vaishyas car celles-ci étaient barrées dans leur quête de la sérénité par une caste brahmanique qui se considérait comme l'unique dépositaire du culte, et donc de ses mystères.
Après le passage d'Alexandre le Grand, l'empire fédérateur des Maurya (-321 à 187 apr. J.-C.), inspiré des méthodes politiques d'Alexandre, domine l'Inde et fédère autour de lui des conglomérats de royaumes alliés, ce qui ne s’était encore jamais vu depuis la civilisation de l'Indus. Sous le règne des Gupta (320 à 600 apr. J.-C.), l'Inde du Nord vit deux siècles de paix totale et de prospérité. Au fil du temps et en fonction des rois qui se convertirent, les royaumes hindous devinrent bouddhistes. Le bouddhisme s'étend bientôt des prémices de la route de la soie aux îles de Sumatra et Java.
Le Bouddhisme a pu pénétrer l’Iran oriental dès le 2e siècle avant notre ère, c’est-à-dire dès que les Gréco-Bactriens, en descendant dans les régions indiennes, eurent ouvert une voie de civilisation de l’Indus à l’Oxus. En fait, au 1er siècle avant notre ère, il était établi en Bactriane. Alexandre Polyhistor, qui écrit vers l’an 80-60 avant le Christ, donne aux prêtres de la Bactriane le nom de Samanéens (Samanaioi) : c’est le nom vulgaire des prêtres bouddhiques. Samana, altération palie et bouddhique du Shramana brahmanique ; c’est déjà le Shaman de la littérature postérieure, destiné à une telle fortune dans toute l’Asie centrale. Le Bouddhisme, une fois installé dans ces régions, devait y subsister longtemps : il n’en fut extirpé que par l’Islam.
Le plus célèbre d'entre les rois Gupta fut l'empereur Maurya Ashoka, qui se convertit au bouddhisme vers -250, après trente ans de guerres sanguinaires. Le choix d'Ashoka se portant sur le bouddhisme n’entraîna cependant pas de persécutions hindoues ou jaïnes. Ashoka, plein de zèle, fera ériger aux quatre coins de son empire des stèles faisant l'apologie de la philosophie bouddhiste, non violente et avant tout centrée sur le respect de la vie, de l'ordre établi, et de la paix. Ces édits seront rédigés non seulement en sanskrit dans la vallée du Gange, mais aussi en grec et en araméen dans les régions les plus occidentales de l'empire, comme la Bactriane où sont installées de nombreuses colonies grecques, mais aussi levantines. L'édit numéro un d'Ashoka, datant de -260 et retrouvé aux alentours de Kandahar est un de ces textes. Gravé sur un large rocher et rédigé en version grecque et araméenne, il aborde des thèmes tout à fait bouddhistes :
« Au bout de dix ans de règne, le roi Ashoka
Fit instruire les gens dans la piété,
Et comme il les a rendus plus pieux,
Tout prospère à présent dans chaque province.
Le roi s'abstint de faire mourir les animaux,
Et d'autres gens, fussent des chasseurs ou des pêcheurs du roi,
Cessèrent leur chasse et leur pêche.
Et si certains intempérants commençaient,
Dans la mesure du possible, à s'abstenir de
L’intempérance et à obéir à leur père et mère et aux aînés,
En dépit du passé, pour l'avenir,
En agissant conformément à tout cela,
Leur vie deviendrait meilleure et plus belle. »
À l'image des autres royaumes bouddhistes, l'empire d'Ashoka se disloqua très vite après sa mort. Le brahmanisme, né de la réforme du védisme, reprit alors son rôle de religion fédératrice du sous-continent. De sorte que, quand au début de notre ère (v. 50) les Kushans venus du nord du sous-continent firent la conquête de l'Inde du Nord et s’y installèrent, ils adoptèrent très vite non pas le bouddhisme, mais la religion locale brahmanique-shivaïte, tout en tolérant que perdurent les autres sectes qui s'étaient construites sur ses bases, comme le jaïnisme ou le bouddhisme.
Après la mort d'Ashoka, l'attrait pour le bouddhisme reflue des plaines du sous-continent pour dépasser les Himalayas et s'installer sur ce qui allait devenir la route de la soie, de la Bactriane (Afghanistan actuel) au bassin du Tarim, dans la province chinoise actuelle du Xinjiang. La civilisation du Gandhara sera aussi la terre de prédilection du bouddhisme, qui se mélange alors avec la mythologie grecque en faisant intervenir dans la vie légendaire du Bouddha des figures comme Zeus ou Héraclès. Certaines traditions bouddhistes, comme celle du Mahayana, considèrent même un roi grec de Bactriane, Ménandre (Milinda), comme un des trois grands protecteurs du bouddhisme, au même titre qu'Ashoka.
Le Milindapanha, dont le rayonnement n'a probablement pas dépassé les pays voisins de l'Inde, nous montre clairement une élite grecque parfaitement au courant de la pensée bouddhique. Nous y voyons en effet le roi Milinda (Ménandre) s'entretenir avec le moine Nagasena des éléments fondamentaux de cette religion comme par exemple la cessation de la douleur, le nirvana et éprouver quelques difficultés à admettre la négation de l'existence du « moi ». Nagasena en disant son nom, ajoute : « c'est là seulement une appellation, une notion vulgaire, une expression courante, un simple nom : il n'y a pas là-dessous d'individu.
Cependant, les Grecs du Gandhara ne se convertirent jamais en masse au bouddhisme et encore moins au brahmanisme. Et de même, les Indiens ne firent que peu de cas des Grecs, même si leur influence fut certaine et notable.
On sait que les contacts avec le monde gréco-romain ont laissé des traces dans le monde indien : ainsi, dans le Mahabharata, les villes de Rome et d'Antioche sont nommées (II, 28, 49 : en ce passage, les cinq Pandava conquièrent le monde ; Sahadeva s'empare du Sud de l'Inde et de Rome et d'Antioche, que l'on met donc au sud du monde), des termes grecs sont empruntés (par exemple surunga (tunnel, passage secret) proviendrait de syrinx en grec (flûte). Pour désigner les grecs le mot de Yavana (Ionien) existe, même si l'on sait que ce terme est générique et peut s'appliquer à des Scythes, des Perses, des peuples barbares. Mais de l'avis de tous l'influence grecque s'observe dans l'astronomie et le théâtre (le terme de yavana y sert à désigner le rideau). »
La culture gréco-bouddhiste, encore trop méconnue de nos jours, dura tout de même 800 ans, et s’étala des plateaux baloutches jusqu'au sommet du Pamir. Mais à la suite du départ des Grecs de Bactriane et du Gandhara, chassée au début du premier millénaire de notre ère par les Huns, les Turcs et les Perses, cette civilisation s'oublia bien vite.
La statue grecque hâtivement imitée par les premiers sculpteurs fut aussi vite oubliée qu’apprise. L’élégance inquiétante des œuvres qu’elle inspira n’était que le prélude aux revanches prochaines d’une sensualité impossible à contenir : l’Inde, un moment séduite par tant de grâce et de raison y réservait son immense domaine dans le sourire errant des bouches, la flamme étouffée, l’énervement, l’ascétique maigreur des corps. La colonne pure qui soutenait les frontons lumineux sur toutes les acropoles d’Occident et que le nord de l’Inde introduisit jusque dans le sud avec le prosélytisme religieux, alla se noyer dans le pullulement démesuré des forêts de pierre vivantes.
Quelques siècles après la mort du Bouddha, un mouvement réformateur, le Theravada, propose de retrouver la parole et la voix la plus pure du Bouddha. Pour cela, des textes sont écrits, compilés, classés, afin de proposer une version plus conservatrice et rigoriste des traditions qui suivirent la mort du Bouddha. La langue utilisée est alors le palit, un dérivé du sanskrit. Ces anthologies de textes sont les Cannons palits, dont l'autorité est aujourd'hui encore reconnue en Indochine.
Le bouddhisme suivit alors la vallée de l'Indus, rejoignit ses sources et s'installa pacifiquement en Gandhara, Sogdiane et Bactriane, pays à partir desquels le bouddhisme put se diffuser vers l'est, la Mongolie et la Chine, et vers l'ouest et le Caucase.
C'est en Asie centrale que le bouddhisme s'ancre le plus durablement et influence particulièrement les sociétés qui l’accueillent. Autour du désert du Taklamakan, que doivent contourner les caravanes venues du Moyen-Orient pour rejoindre la Chine, les villes de Kashgar, Khotan et Hami figurent comme les plus prospères étapes de la route de la soie naissante. Mieux, il s'agit des places les plus sûres et les plus sécurisées.
Au début du 3e siècle de notre ère, les Vedas et les Upanishads sont traduits en Chinois, puis sont importés au Japon, où ils connaîtront un grand succès et influenceront durablement la culture locale. Le bouddhisme suit alors l'hindouisme et colonise culturellement l'Asie tout entière.
De -126 à 500 après J.-C., le royaume bouddhiste et indo-européen de Shanshan, et de 56 à 1006 (une période incroyablement longue pour une cité-état indépendante) le royaume bouddhiste et indo-européen de Khotan, firent du bassin de Turpan l'un des centres internationaux du bouddhisme. Des caravansérails et des écuries sont alors installés dans des grottes, de même que des dortoirs que l'on met à disposition des voyageurs (comme à Dunhang, dans le site des grottes des mille Bouddhas, en activité de 400 à 1000 après J.-C.) Aux murs de ces grottes sont peintes des fresques représentant la vie du Bouddha. À chaque passage, les caravaniers laissaient un pourboire plus ou moins élevé, ce qui permettait aux congrégations de moines de vivre de leurs passages et de diffuser leur doctrine au-delà du désert et des murailles de roches qui les entouraient.
Depuis ce creuset géographique, situé entre la Sibérie, l’Himalaya et le Taklamakan, le bouddhisme va ensuite rayonner jusqu'en Chine, en Corée et au Japon, où il inspirera les doctrines Tao et Zen, et influencera le shintoïsme. En 300 de notre ère, toute la Chine est soumise à l'influence bouddhiste. Cette doctrine, ainsi que les Vedas, grâce à leur traduction, pénètrent le Japon et se mélangent aux croyances locales. Ganesh, le Vinayaki des Tamouls, devient alors Kangiten et Shiva devient Daikokuten.
Au Vietnam, la fédération de Champa qui elle aussi fut incroyablement stable en perdurant presque deux millénaires (192 à 1832), adopte l'hindouisme d'abord, puis le bouddhisme à partir de 978.
Au début du second millénaire, le bouddhisme s'est installé dans les plaines eurasiennes, de même que dans le Caucase. Des rives de la mer Noire à celle de la mer de Chine, le bouddhisme est pour quelques siècles une des religions les plus présentes et les plus importantes.
Vers le milieu du premier millénaire de notre ère, la progression du bouddhisme marque un frein à l'ouest. En 500, la Sogdiane n'est plus bouddhiste, en 700 c'est l’Afghanistan qui s'islamise de même que toutes les peuplades turques d'Asie centrale, comme les Kazakhs, les Ouïgours et les Mongols. À l'est, par contre, le bouddhisme continue de séduire, bien qu'il ait été pour toujours relégué au rang de secte dans le sous-continent. En Indochine, le Dvaravati (500 à 1000), est un royaume bouddhiste, de même que celui des Khmers. Tous ces peuples resteront jusqu'à nos jours fidèles au bouddhisme.
En Indonésie, le royaume de Kalingga (600) à Java, l'empire de Srivijava (600 à 1200) et les congrégations bouddhistes à Bali, assurent la bonne santé de la doctrine du Bouddha. Vers 800 est construit le temple de Borobudur à Java.
Bien que largement présent aux quatre coins de l'Asie, le bouddhisme décline tout à fait en Inde. Dans un dernier mouvement d'expansion, il s'installe au Tibet, où il se mélange avec la culture bön et le lamaïsme. Dans la vallée du Gange et dans l'ensemble du sous-continent indien, le bouddhisme a disparu, tombé en désuétude. En 1050, il n'y avait pour ainsi dire plus de bouddhistes en Inde.
Que dura le bouddhisme aux Indes ? Sept ou huit siècles peut-être, une heure dans la vie de ces multitudes dont l’évolution historique dans le passé et l’avenir paraît aussi infinie et confuse que leur pullulation dans l’étendue. L’Inde, insensiblement, revint aux dieux védiques, le brahmane, appuyé sur le prince, reconstruisit la pyramide sociale et balaya de la terre des hommes l’espoir du paradis. Le bouddhisme se réfugia dans l’âme de quelques cénobites, et, par delà les frontières de l’Inde, alla conquérir l’Asie. Ainsi le christianisme, né de l’idéal sémitique, devait vaincre tout l’Occident, sauf les Hébreux. Une révolution ne conquiert pas l’instinct fondamental du milieu qui l’a provoquée.
Le haut plateau tibétain qui s’ouvre alors au bouddhisme est sous la domination d'un clergé, les lamas. Le Livre tibétain des morts, le Bardo Todol est consigné en 1400.
Durant plus d'un millénaire, le Tibet restera un territoire interdit, où tout voyageur qui ne serait pas invité par les lamas était immédiatement mis à mort. Le commerce y fut soit interdit, soit très fortement réglementé et à part quelques caravanes envoyées par l'Empire du Milieu, nul n'y passait. Il y fait extrêmement froid, les glaciers, l'altitude, l'aridité et la sécheresse de l'environnement empêchaient toute installation permanente. Pauvre en richesses naturelles, que les conditions climatiques empêchaient d'exploiter, le Tibet n’intéressa pas les envahisseurs, qui dévasteront l'Iran, l'Inde, la Chine, mais ne s'aventureront pas aussi haut, sachant ne rien y trouver.
Au début du second millénaire, les invasions musulmanes en Asie centrale et l'influence de l'islam en Indonésie, auront raison du bouddhisme, qui se voit rayé de la carte en quelques siècles. Aujourd'hui, les derniers pays à majorité bouddhiste sont concentrés en Indochine, il s'agit de la Birmanie, du Laos, du Cambodge et du Vietnam. La Mongolie, le Bhoutan et le Sri Lanka sont d'autres pays enclavés ou insulaires dont la majorité de la population est bouddhiste.
Où le bouddhisme ne règne pas comme religion dominante, il est victime de persécutions. En Chine communiste, il est interdit, puis rendu à l'état de curiosité culturelle, tandis que dans le monde musulman, on s'évertue encore à effacer son ancestrale présence.
En mars 2001, selon la doctrine islamique condamnant la représentation humaine, les talibans détruisent les bouddhas de Bamiyan après un mois de bombardement d'artillerie. Il s'agissait du plus beau vestige qu'avait laissé le bouddhisme en Asie centrale : des statues de 35 et 53 mètres de haut, gravées dans la roche et jadis peintes avec brillance.
Même suite au départ des talibans et malgré de nombreuses propositions récentes de reconstruction financées entièrement par des fonds étrangers, l’Afghanistan refusera à chaque fois de donner suite à ces offres, étant donné qu'il est impensable qu'un État musulman favorise la reconstruction d'un monument hérité du passé préislamique, et donc considéré comme barbare et idolâtre. Au contraire, en 2015, alors que les talibans ne sont officiellement plus au pouvoir et que le pays entame une ouverture libérale, une mosquée et une école coranique sont construites sur les lieux des statues, afin que plus rien ne subsiste, pas même le vide, de ce qu'avait pu être l’Afghanistan d'avant les conquêtes arabo-turques.
La plupart des zones bouddhistes historiques, comme l’Afghanistan, les îles indonésiennes et malaises, ont donc été nettoyées ethniquement et culturellement depuis mille ans pour que n'y subsiste plus que l'islam. Le culte de Bouddha, jadis largement diffusé tout à travers l'Asie, se fait donc aujourd'hui plus rare. La Chine communiste, le déclin de l'Empire japonais et la christianisation de la Corée n'ont pas favorisé la perpétuation de la tradition bouddhiste en Asie du Nord-Est.
De nos jours, le bouddhisme représente une part négligeable de l'immense population indienne : 0,8 % de la population totale, soit tout de même 8,4 millions d'adeptes. À l'échelle mondiale, les bouddhistes indiens ne représentent que 1,5 % de la population bouddhiste totale.
7,3 millions des bouddhistes indiens sur les 8,4 que compte sa population nationale totale, sont des dalits (Intouchables) convertis et donc très peu considérés socialement et ne possédant aucun point politique. La plupart sont originaires du Maharashtra (6,5 millions), où se convertirent de nombreuses familles lors de la vague de renouveau bouddhiste initié au milieu du 20e siècle par B. R. Ambedkar.
Les autres communautés bouddhistes sont de races sino-tibétaines et habitent sur les contreforts de l’Himalaya. Elles sont peu nombreuses, peu développées et relativement coupées du reste de l'Inde, comme au Sikkim où elles représentent 27 % de la population, en Arunachal Pradesh (12 %), ou au Ladakh. Dans ces États, les populations bouddhistes habitent plutôt les villages d'altitude, tandis que les hindous occupent les villes et les vallées.
La communauté tibétaine est particulièrement présente en Inde. Des réseaux de passeurs acheminent chaque année des centaines de Tibétains qui font le choix de quitter leur pays occupé pour intégrer une des nombreuses colonies tibétaines du sous-continent indien. Depuis les années 1960, l'obtention des permis de séjour pour fuir la dictature chinoise leur est même facilitée.
Les plus importantes communautés de la diaspora tibétaine sont à Delhi, à Bodhgaya (qui connut longtemps un camp de réfugiés) et bien sûr à Dharamshala, la ville de l'Himalaya où vit le Dalaï-Lama et où siège le gouvernement du Tibet en exile depuis 1960, à la suite de l'invasion chinoise de 1950.
Vu d'Inde, à part durant quelques siècles avant notre ère, le bouddhisme n'a jamais été autre chose qu'une énième doctrine anti-dévique. S’opposant frontalement au brahmanisme, le bouddhisme tomba vite en désuétude. Contrairement au jaïnisme, qui prônait un ascétisme élitiste et seulement réservé aux hommes en fin de vie, donc ne s'opposant pas à la famille ni à la prospérité, la doctrine du Bouddha proposait pour tous, et donc les laïcs aussi, une philosophie du renoncement total et immédiat.
Si une telle doctrine fanatique ne prit pas en Inde, elle se transforma, devint un culte à totem et sut charmer les Tibétains. Il faudrait alors citer Milarépa (v. 1100), adoré de nos jours par 6 millions de Tibétains. Milarépa est le héros, le sage et le fondateur de l'entité culturelle et théologique tibétaine. Tsongkhapa (1357 - 1419) est le fondateur de la secte guéloukpa, connue sous le nom de « secte des bonnets jaunes ». Un à six millions de Tibétains le vénèrent aujourd'hui.
Emmené dans les bagages des shivaïtes tamoules, le bouddhisme saura prendre ancrage en Indochine et en Indonésie. Mais ce n'est que des milliers d'années après la mort du Bouddha, que l'Occident eut la chance d'entendre parler du Shakyamouni. Depuis, il semble évident que sa doctrine est bien plus populaire en Occident que n'importe laquelle des nombreuses doctrines typiquement indiennes, y compris le vedanta, le tantrisme ou même le yoga classique.
Bodhidharma (v. 500), le moine indien qui prêcha en Chine fut le premier instigateur de la doctrine subversive du Zen. Reprise plus tard par Dogen (1200 - 1253).
Selon la tradition, le zen eut comme premier maître Bodhidharma venu de Ceylan, au début du 6e siècle, et qui initia son célèbre disciple chinois Eka. De Chine, où il s'implanta à travers une lignée de patriarches le zen devait gagner le Japon. Il y colorera tout un art de vivre : l'art des jardins de méditation, des bouquets, du thé, le tir à l'arc, le judo, relèvent d'influences zen.
Le zen, né en Chine sur les bases du confucianisme et du bouddhisme, ne propose donc pas à l'homme d'atteindre le bonheur par la méditation transcendantale ou l'ascétisme, mais par la parfaite conscience de chacun de ses gestes, même les plus simples. Le zen ne propose donc aucun autre mystère que celui de « boire le thé » en toute intelligence, c’est-à-dire en savourant ce qui peut être savouré, tout en magnifiant l'instant. Les principaux maîtres du zen, à l'image du plus grand d'entre eux, Maître Dogen, étaient des vagabonds et des irrévérencieux, qui pouvaient jouir d'orgie, de vin, voire de rapine, et des plus simples plaisirs, comme, justement, de boire le thé. En cela la représentation du Bouddha, gros et riant aux éclats, ne peut que parfaitement convenir à la culture jouissive chinoise.
Depuis les premières traductions des sutras qui se diffusèrent sur la route de la soie, les religions dharmiques ne cessèrent d'inspirer les maîtres chinois ou coréens. C'est ainsi que Li Hongzhi (né en 1951), le fondateur du Falun Gong (10 à 60 millions de pratiquants) doit être considéré comme un héritier de la pratique du zen, donc du bouddhisme.
Les deux plus grands maître du zen donnèrent une définition de leur doctrine. Citons ainsi Bodhidharma :
Si vous cherchez le Bouddha, vous devez voir en votre propre Nature, car cette Nature est le Bouddha lui-même. Si vous n'avez pas vu en votre propre Nature, à quoi sert-il de penser au Bouddha, de réciter les sutras, d'observer un jeûne ou de suivre les préceptes ? Le Bouddha est votre propre Esprit, ne commettez pas la faute de vous prosterner devant les Objets extérieurs. « Bouddha » est un terme indien, qui signifie « nature illuminée ». Par « illuminée » on entend « spirituellement illuminée ». Cette Nature est l'Esprit, et l'Esprit est le Bouddha, et le Bouddha est la Voie, et la Voie est le zen [...] Voir directement dans sa Nature originelle, voilà ce qu'est le zen.
et maître Dogen :
Apprendre le Zen, c'est nous trouver. Nous trouver c'est nous oublier. Nous oublier, c'est trouver la nature de Bouddha. Notre nature originelle.
Tout comme les fondateurs de cultes coréens et chinois, le Vietnamien Ngo Van Chieu (5 millions de fidèles) s'inspira lui aussi du bouddhisme. Citons pour les mêmes raisons Ch'oe Che-u et Son Pyong-Hi, les fondateurs du Donghak, la religion nationale coréenne (qui est une sorte de syncrétisme abrahamique, dharmique et local). Ce courant donnera naissance au cheondoisme et au suungyo, suivis de nos jours par 8 millions de Coréens. Citons aussi Gang II Sun et Cha Gyeong-seok, des sectes schismatiques et apparentées au jeungsanisme et du bocheonisme (2 millions de fidèles dans les deux Corées).
En Inde, le récent renouveau du bouddhisme est marqué par la personnalité de Bimrao Ramji Ambedkar (1894-1947), converti au bouddhisme et fondateur du courant navayana (« Nouveau Véhicule »). Prônant l'absolu rejet des castes et de l'héritage aryen védique, ce mouvement est à la fois religieux et social, et compte dans ses rangs plus de 7,3 millions d'anciens parias.
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BOUDDHA (vers 566-486 av. J.C.) - Une vie, une œuvre [2013]
Par Françoise Estèbe et Charlotte Roux.Émission diffusée sur France Culture le 20.07.2013. Il y a 2500 ans en Inde, dans les contreforts de l'Himalaya, au cœ...