24 Décembre 2021
Ganesh, que les Tamouls nomment Vinayaki, est de tous les dieux de second plan, celui qui provoque la plus fervente adoration. De toutes les divinités hindoues, c'est sûrement celle qui s'est le plus diffusée à travers l'Asie, de telle sorte qu'on la retrouve du Japon à l'Indonésie. Au Japon, où sa présence est attestée dès le milieu du premier millénaire, il porte le nom de Kanguiten, ou Shoten. En tant que dieu de la joie et de l'abondance, caractéristiques qu'il partagera avec le Bouddha en Extrême-Orient, il est Sho Kannon Bosatsu, le dieu de la joie.
En Inde, son idole facilement reconnaissable avec sa trompe, est disposée dans les espaces publics, mais aussi comme porte-bonheur dans les bus, camions et rickshaw de l'Inde tout entière. Ganesh est en somme le porte-bonheur d'un milliard d'hindous. Ainsi, Ganesh est souvent utilisé comme fond d'écran par les étudiants et les employés des services, afin de protéger leur ordinateur des virus (leur croyance en cette superstition ne les empêchant pas, par ailleurs, de se prémunir d'un antivirus.) Ganesh est donc le protecteur des voyageurs, des camionneurs et des pèlerins. Il veille sur ceux qui entreprennent un voyage.
Dans l'hindouisme moderne, Ganesh est le dieu des richesses, car il est celui qui se moque de tout, se détache de tout, donc attire la réussite à lui. Ses compagnes sont Siddhi, le succès et Riddhi, la prospérité. Ses fils sont Shubha, la chance et Labha, le profit. Les idoles et icônes de Ganesh, comme celles de Lakshmi, la déesse de la prospérité et de la réussite, sont présentées avec à leurs pieds des billets de banques et des banquets d'offrandes. Tout comme Kubéra, Ganesh est une divinité ventripotente et gloutonne, ravie de dévorer les offrandes que lui offrent ses fidèles. Dieu des richesses, Ganesh est aussi le dieu des Védas, c'est-à-dire des saintes écritures. Il est en effet celui qui recopia le Mahabarata dicté par le sage Vyasa. Enfin, Ganesh est aussi le dieu de la chance, celui que l'on honore pour être favorisé dans les tâches ardues.
Les représentations picturales et les idoles représentent un dieu bisexué, aux formes arrondies, aux seins bien dessinés, aux muscles lourds et lâches, que l'on n'ose considérer ni tout à fait homme, ni tout à fait femme, et si peu animal.
Ganesh n'hésite d'ailleurs pas à s'incarner dans le sexe opposé. La tradition tantrique vénère Ganesh sous sa forme féminine, Ganesh devient Ganeshi, de même que Vinayaka devient Vinayaki, Gajanana devient Gajanani, Vighneshwara devient Vighneshwari.
Les symboles qui permettent à Ganesh d'exprimer sa puissance sont sa trompe, bien sûr, mais aussi son véhicule, une souris. Habituellement il n’apparaît pas armé, si ce n'est arborant une petite hache d'apparat, bien que son rôle dans la vie, celui donné par sa mère à sa naissance, fût d'être guerrier.
Ganesh, qui se rit de tout, à l'écart des autres dieux dont il ne subit pas la loi ni les foudres, est grâce à son nihilisme de marginal l'une des sources d'inspiration les plus importantes du tantrisme. Enfin, la légende nous indique que ce fut Ganesh qui dicta à Veda Vyasa l'interminable poème épique du Mahabarata, qui est la création littéraire la plus longue et aboutie qui jamais ne fut réalisée, avec près de deux millions de mots et 200 000 vers.
Les principaux temples dédiés à Ganesh sont à Pune, Bombay et principalement dans le sud de l'Inde.
Attributs et avatars de Ganesh
D'apparence bedonnante et bienveillante, Ganesh est le dieu de la chance, de la réussite dans les entreprises et de la richesse matérielle. Son invocation permet d'attirer la chance sur soi, sa famille ou son entreprise. Celui qui pense à lui avant d'entreprendre une mission, la verra couronnée de succès. Mais au contraire, sans sa bénédiction, rien n'est possible. Rien que son évocation amène la joie, une joie essentielle, sans laquelle ni la paix ni la sérénité ne sont possibles.
En tant que roi des éléphants, il est Gajanana, comme chef de tribu il est Gana-pati, comme patron des guides il est Vinayaka, comme « maître des obstacles » il est Vighneshwara. Tandis que comme « écarteur d'obstacles » il est Vighnaharta. D'autres dénominations lui sont appliquées, de manière régionale, ou selon les traditions divergentes, telles que Bhalachandra, Dhumraketu ou Gana-dhyaksha.
Tel que décrit dans les mantras populaires Ganesh Chalisa et Ganesh Pancha Ratnam, le dieu à tête d'éléphant est doté des attributs suivants :
« Sa tête couronnée de pierres précieuses, son front paré d'une guirlande de bijoux, ses yeux brillants d'une beauté semblable à la fleur épanouie du lotus, la hache dans une main, dans l'autre un trident, Ganesh est celui qui libère ses fidèles de leurs vices. Drapé de soie jaune, aux pieds une paire de sandales en bois de santal délicatement orné de pierres précieuses, Ganesh est la source de toute bénédiction, l'origine de toute chance. En tant que chef des légions de Shiva, il est le pourvoyeur du bonheur de ceux qui le suivent, le destructeur de l'ignorance et le moteur de l'intellect. Les rishis, les créatures célestes ou les hommes, quiconque posera le regard sur lui sera pour l'éternité satisfait, captivé et englué dans sa beauté.
De lui émanent ses compagnes, comme des fouets claquant dans l’espace, la Réussite, l’Intelligence et la Prospérité. Son ami et confident est une souris, ce qui ajoute encore à sa gloire, car grâce à elle il peut se déplacer dans les moindres recoins de l'existence, même les plus sombres. Enfin, si Ganesh est obèse, c'est qu'il raffole des offrandes qu'on lui adresse, surtout les sucreries et les gâteaux de riz au lait. »
Bien que le corpus védique ne le mentionne pas, Ganesh est le défenseur des Védas, le dieu du savoir, des études intellectuelles et de la prudence, mais aussi de la chance et de la réussite, comme l'indiquent les noms des épouses qui lui furent consacrées, et qui sont : Siddhi, le Succès, Riddhi, la Richesse et la huitième fille du rishi Daksha, Bouddhi, l'Intelligence. Ganesh partage cette dernière épouse avec Dharma, la divinité incarnant l'ordre et la justice dans l'Univers. Ganesh a donc plusieurs femmes avec lesquelles il se confond lui-même.
Swananda-Loka
Le palais de Ganesh fait 13 000 kilomètres (1000 yoganas) de haut. Des monstres gigantesques en gardent l'entrée, les Bramarambika, qui en empêchent le passage. Les Bramarambikas sont revêtus d'armures dorées, leur peau ressemble à de l'or et ils brillent comme des soleils. Derrière eux, c'est le palais et la ville de Ganesh : là, tout n'est qu'opulence et ne s’y trouve aucune trace de pauvreté, les chemins étant pavés de pierres précieuses et d'or.
Au coeur de Swananda-Loka, résident Tejovati et Jwalini, les shaktis gardiennes de tout ce qui se passe entre les murs de la cité céleste. Elles font la ronde entre des ruelles dont les pavés sont des pures pépites d'or.
Swananda Loka est habité de milliers d'âmes, qui ont toutes reçu la grâce de Ganesh, et qui composent sa cour, en s'agglutinant autour de lui comme des moustiques dès qu'il apparaît.
Au nord de son domaine, au-dessus d'un océan de jus de canne à sucre : le dieu de la chance, de l'intelligence et de la prospérité demeure en tailleur, au sommet d'un lotus rose géant qui fleurit éternellement, assis sur un trône de pierres précieuses. Ganesh possède alors l'apparence d'un enfant de neuf ans, couronné et parfumé, arborant un ventre rond comme la terre et trois yeux, dont l’un possédait le pouvoir de détruire l'illusion. Les étoiles et les planètes sont sa chevelure, et de sa transpiration s'écoulent des océans et des rivières. Près de Ganesh, se tient une souris qui, à l'occasion, peut se faufiler dans tous les recoins de l'existence et rapporter à son maître ce dont elle est témoin.
La naissance de Ganesh
Le récit suivant s'inspire du Ganesh Pancha Rathnam attribué à Shankara (v. 800) et du Ganesh Chalisa attribué à Sunderdas (1596 – 1689).
Shiva, qui méditait si longtemps au sommet de l'univers, délaissait son logis et sa femme. Un jour, un démon vint importuner Parvati qui dut s'en défaire une première fois à la force de ses propres poings. Cependant, il revint les lendemains, ne cessant jamais ses avances. Comme Skanda, son fils unique, combattait à cet instant-même en quelque endroit de l'univers contre les assuras, Parvati dut se défendre seule, et créa alors un enfant à partir d'un peu de sa peau raclée. Ensuite, elle lui confia la tâche de garder sa porte, faisant de lui le gardien de sa sécurité.
L'enfant s’acquitta si bien de sa tâche que rien ni personne ne dérangea plus Parvati dans ses longs après-midis de solitude, ni même le démon qui avait osé l'importuner.
Cependant, lorsque de retour d'une session de méditation qui avait duré douze ans, Shiva approcha l'enfant qu'avait créé Parvati. Mais, n’étant pas familier avec lui, l’adolescent lui interdit l'entrée de son propre foyer.
Calmement, Shiva lui demanda qui il était. D'un même ton plaisant mais ferme celui-ci lui répondit : « je suis le fils de Parvati et je suis ici pour défendre ma mère, ne te risque pas à faire un pas de plus ou bien il t'en cuira… Sans une autorisation claire de ma mère, je ne te laisserai pas entrer ! »
Shiva interloqué, voulut répondre mais le jeune gardien l'en dissuada: « Je ne suis qu'un enfant, lui dit-il, un simple employé irresponsable et sans valeur, et parlementer avec moi est inutile. Je suis aux ordres de ma mère et de personne d'autre. »
Revenu au foyer pour s'accoupler avec sa femme qui aurait dû l'attendre impatiemment, quelle ne fut donc pas la surprise de Shiva de se voir interdit la chambre de son épouse par un jeune adolescent armé d'une massue. Autant en colère de se voir refuser l'entrée de son propre logis que tristement surpris de découvrir un fils qui n'était pas de lui, Shiva menaça le jeune homme de subir sa colère foudroyante s'il ne libérait pas la porte qui menait au lit de sa femme.
Voyant que l'enfant ne céderait pas, Shiva l'attaqua de son trident. Sans difficulté, le jeune gardien para le premier coup. Au second coup que Shiva tenta de lui porter, l'enfant ne se contenta pas de se défendre ; il asséna un violent coup de massue sur le crâne du dieu.
Sonné, décontenancé, humilié dans sa force et sa virilité, Shiva eut alors recours à son armée de rakshasas, ces féroces sorciers-guerriers toujours prêts à lui porter assistance en chacune de ses œuvres. Cependant, malgré leur nombre infini et leur force incroyable, l'enfant, seul, les mit tous en déroute et cela sans même sembler effectuer le moindre effort.
Refusant de se voir tenu en échec, Shiva réunit alors un conseil extraordinaire composé de Brahma, Vishnou, Indra et de la plupart des dévas auxquels il plaida sa cause, avançant qu'il n'était pas tolérable qu'un dieu puisse être tenu en difficulté par un simple mortel crée par l'esprit d'une femme sans l'accord de son mari. Les dieux, soucieux de maintenir le monde en l'état et afin que jamais son équilibre ne fût rompu, lui donnèrent raison et aussitôt ordonnèrent la mise à mort de celui qui avait tenu en échec le plus puissant d'entre eux. Vishnou confia alors son disque cosmique à Shiva qui s'en servit aussitôt pour trancher la tête du jeune gardien qui s'éleva alors dans le ciel et y disparut tout à fait.
De retour de ses ablutions qu'elle faisait tous les matins dans un torrent formé des neiges éternelles du mont Kailash, Parvati constata avec amertume le retour de Shiva et avec une immense détresse le décès de son fils.
Souriant et léger d'une nouvelle victoire, la voyant arriver, Shiva s'adressa à sa femme en ces termes moqueurs : « Dis-moi Sati, quand donc as-tu donné naissance à un fils ? » Puis il lui conta sa mésaventure.
Écoutant le récit de ce qu'il venait de se passer, Parvati, toute fille de l'Himalaya qu'elle était, en fut si ébranlée qu’elle en tomba à ses pieds et lui dit : « ce que tu as fait me cause une peine immense! Cet enfant était notre fils et le gardien de ton foyer. Tu dois le ressusciter au plus vite! Va donc retrouver sa tête, où qu'elle soit ! »
Son désarroi n'ayant pas de limite, Parvati rejeta Shiva de sa couche et même le répudia tout à fait. Navré d'avoir tué celui qu'il aurait dû considérer comme son fils, troublé par la détresse de sa femme au point de ne plus être capable de méditer, Shiva s'en alla bientôt quérir l'aide de l'omniscient Vishnou afin de chercher la tête de l'enfant et de le ressusciter.
Vishnou et Shiva cherchèrent avec espoir mais en vain. Comme ils ne purent retrouver la tête, ils placèrent à sa place celle du premier animal qu'ils trouvèrent sur les pans du Kailash : un éléphant. Quand l'animal comprit que les seigneurs Vishnou et Shiva voulaient le sacrifier, il se porta de lui-même volontaire à la décapitation. Alors accompagné de ce qui serait la nouvelle tête de son fils, Shiva retourna au chevet de Parvati, sécha ses larmes, ressuscita leur fils, qu'ils appelèrent Ganesh puis, satisfait du devoir accompli, il retourna méditer au sommet du Kailash.
Quelque temps plus tard, Skanda, leur premier né, fut de retour au Kailash. Shiva voulut tester l'intelligence et les possibilités de son nouveau fils, alors il demanda à ses deux enfants de faire le tour de la Terre le plus vite possible.
Skanda enfourcha aussitôt l'animal qui lui servait de monture, un paon, et s’envola à toute vitesse vers l'horizon. Mais Ganesh ne fit rien. Simplement et calmement, il se contenta de faire ce qui lui semblait le plus facile à faire : après s'être assis, il écrivit dans la poussière le nom de Rama, un des avatars de Vishnou et ensuite, emprunt du plus grand dévouement, il tourna sept fois autour de ses parents tout en leur embrassant les pieds. C'est alors que la beauté de son acte, égale en gloire à celui initialement proposé et qui consistait à faire le tour de la terre, plut tant aux dévas, qui depuis le sommet du Mérou assistaient à l’événement, qu'ils l'honorèrent d'une pluie de pétales de lotus et le dotèrent du savoir, de la sagesse et de l'immortalité.
Shiva fit de lui le chef de son armée de rakshasa, et le nomma Ganesh, ce qui signifie « le maître de la multitude, le maître des légions, le maître des richesses. »
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