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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

La divinité généreuse et civilisatrice

Prométhée, Musée du Louvre

Prométhée, Musée du Louvre

Les nommos de la mythologie dogon, sont des divinités bienfaitrices et civilisatrices descendues du ciel : « Après leur métamorphose en « Nommo », les huit ancêtres remontèrent au ciel d'où ils redescendirent plus tard pour apporter toutes les choses utiles aux hommes et au développement de la civilisation. […] La Terre étant « nue et sans parole », le Nommo délégué par Dieu la lui apporta dans des fibres torsadées tirées de plantes célestes, ce vêtement constituant le premier acte d'ordonnance universelle. » (N. Goisbeault, Un mythe de création ; le mythe dogon.)

Chez les Khoisans d'Afrique australe, une autruche garde le soleil dans son plumage, un héros lui vole et l'offre aux hommes. Dans le vaudou du Dahomey, on relève une figure prométhéenne liée au soleil et donc au feu : « À l’époque, il n’y avait que des cavernes, il faisait froid. C’est Lisa qui a donné le feu à Shango (le dieu du feu), qui a donné la connaissance du feu à Ogou, qui a partagé cette connaissance avec Ogou-Feray, qui a commencé à fabriquer le fer. » (P. Charlier, Comment le monde vaudou vint au monde ? Un exemple haïtien.)

Dans la cosmogonie kabyle : « A l'opposé de Yemma-t n dunnit, la fourmi est bonne conseillère, on lui attribue un rôle d'initiatrice. La fourmi a expliqué aux hommes comment utiliser la viande des moutons pour se nourrir, leur laine pour se vêtir, et à les échanger contre l'indispensable complément de blé. Enfin, elle aurait institué les fêtes et montré aux hommes à sacrifier des moutons ou un bœuf en ces occasions. Initiatrice de rites, initiatrice de l'élevage, elle aurait ainsi incité les taureaux sauvages à se laisser domestiquer par l'homme. Elle aurait encore appris l'agriculture aux hommes en leur montrant comment un grain de blé planté après les pluies produisait beaucoup d'autres grains de blé. C'est elle aussi qui aurait montré au premier couple à faire du pain, en écrasant le grain avec une pierre, en faisant du feu avec deux pierres et des herbes sèches et en y faisant cuire de la pâte. » (source: tadukli.free.fr)

En Égypte : Osiris « apprend à cultiver les champs, à élaborer les lois ; il parcourt le monde et mène les peuples à la civilisation, non par la force des armes, mais grâce à son éloquence et à ses chansons. » (George Hart, Mythes égyptiens.)

Toujours en Égypte : Sokaris, gardien de la nécropole de Memphis, « divinité chthonienne », maîtrise à la perfection le feu et l'offre généreusement à l'humanité et lui apprend à s'en servir. Dès lors, les habitants de la Terre peuvent s'éclairer, cuire leurs aliments et travailler le métal. Sokaris est le protecteur des orfèvres et des forgerons à qui il enseigne la fabrication des outils et des bijoux.

À Sumer, An, Enlil et Enki créent les premières cités comme modèles puis offrent l'agriculture aux hommes pour leur permettre de les honorer. Toujours à Sumer, Ninazu et Nimmada sont deux frères qui y amenèrent les céréales (lin et orge).

Chez les Sémites, Lahar apporte le bétail à la Terre et Lashnan, les graines cultivables. Les hommes sont créés ensuite par les dieux pour les cultiver.

En Inde, les Ribbhus de la mythologie védique sont trois êtres semi-divins qui inventent le feu et qui comprennent l'usage que les hommes peuvent en faire. Les dévas les refusent de retour au Mont Méru car les hommes se détournent des dieux grâce au feu.

La Théogonie d'Hésiode punit de même le titan Prométhée d'avoir aidé les hommes en trompant Zeus. Sa ruse et son audace seront cruellement punies, mais grâce à lui l'humanité apprit à maîtriser le feu, ce qui lui permit de survivre sur terre de manière moins précaire. Tout comme les Ribbhus, c'est la compassion et la pitié envers l'humanité qui poussent Prométhée à trahir la confiance des dieux.

En Grèce, Dionysos, le pendant occidental de Rudra-Shiva, est le dieu civilisateur par excellence :

« Ce fut lui qui le premier attela des bœufs à la charrue ; car auparavant les hommes travaillaient la terre avec leurs mains. Il inventa plusieurs autres choses utiles à l'agriculture, et qui soulagèrent beaucoup les laboureurs de leurs fatigues. C'est pourquoi les hommes, n'oubliant point ces bienfaits, lui décernèrent les honneurs divins et lui offrirent des sacrifices. Les peintres ou les sculpteurs représentent ce Bacchus avec des cornes, tant pour le distinguer de l'autre que pour indiquer de quelle utilité a été aux hommes l'invention de faire servir le bœuf au labourage. » Diodore 3,64 et 4,4.

Diodore mentionne un autre Dionysos civilisateur, Sabazios, qui avait « l'esprit très inventif ; il attela le premier des bœufs à la charrue pour ensemencer le sol. C'est pourquoi on le représente cornu. »

En Chine, Fuxi est le dieu civilisateur et généreux. Voulant aider les créatures de sa femme (Nuwa) à mieux vivre et à progresser, il offrit aux hommes la maîtrise de nombreuses techniques, comme la pêche. Constatant que les hommes n'avaient que la chasse pour se nourrir, et qu'ils étaient condamnés à avoir faim s'ils n'attrapaient aucun animal sauvage, Fuxi, se prit de pitié en voyant les enfants des hommes pleurer. Alors, il se rendit au cours d'eau le plus proche et pêcha des poissons à mains nues, puis les offrit aux enfants qui pleuraient, tout en leur apprenant comment pêcher à leur tour. C'est donc grâce à Fuxi que l'humanité fut protégée de la faim. C'est lui aussi qui civilisa les hommes, en leur apportant tout ce qui constitue la société, comme l'argent, l'écriture ou les coutumes des mariages (car il est aussi l'entremetteur des hommes et des femmes.)

La divinité complétant les Trois Augustes de la triade sacrée cosmogonique chinoise, est Shennong, une autre figure civilisatrice. Il est le dieu des tâches agricoles et commerciales et le patron des pharmaciens et des médecins. C'est lui qui inventa la première charrue et ouvrit les premiers marchés. C'est lui aussi qui découvrit les plantes médicinales et le thé.

Au Tibet, le singe-père de l'humanité souhaitait civiliser ses enfants afin qu'ils vivent dans plus de confort. C'est le Bouddha primordial qui va réaliser son souhait :

« Tous souffraient cruellement du froid l'hiver, de la chaleur l'été, de la pluie, du vent ; et tous avaient faim. Pris de pitié pour ses enfants, le singe implora le Bouddha : « [...] Ne les laisse pas dans cet état ! » « Sois patient, répondit le Bouddha. Tes fils se transforment peu à peu en hommes : bientôt leur queue de singe tombera et ils quitteront la forêt pour s'installer dans des contrées plus hospitalières. Je vais les aider. Voici trois brins de laine, une poignée d'orge et quelques fragments de métaux précieux. Je les ai prélevés dans un trésor caché au cœur de la montagne sacrée qui se trouve au centre du monde : ils décideront de l'avenir de tes enfants. » « Le singe et la démone des rochers », in C. C. Ragache, La Création du monde.

En Corée, c'est Hwanung, le fils du dieu céleste Hwanin, qui est pris de compassion pour l'humanité qui vit comme une bête sauvage. Il s'installe au sommet d'une montagne et apprend aux hommes l'art, l'agriculture, la médecine, la morale et le droit, etc. Kiji, héros venu de Chine aussi : civilisateur du peuple coréen, enseigne les techniques agricoles, règles de vie sociale et les rites d'inspiration confucéenne.

La divinité généreuse et civilisatrice
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