23 Décembre 2021
Dans son Périple (v. -300), le pseudo-Scylax place un peuple du Pont qui est soumis aux femmes :
« Lorsque vous avez passé le fleuve Tanaïs, vous entrez en Asie. La première nation qui se présente, est celle des Sauromates, qui habitent le Pont. L’une de leurs tribus s’appelle Gynecocratumène, nom qu’ils tirent de l’usage où ils sont de se gouverner par des femmes » (J. C Poncelin, Voyage de Scylax de Caryande en Europe, en Asie et en Libye).
Pomponius Mela ajoute à propos du même peuple :
« C’est une nation guerrière, libre, indomptable, et d’un caractère si dur et si barbare, que les femmes mêmes vont à la guerre avec les hommes. On les y prépare dès leur naissance, en leur brûlant la mamelle droite, afin qu’ayant cette partie du corps conformée comme les hommes, elles puissent mouvoir avec plus d’agilité le bras destiné à frapper. Tendre l’arc, monter à cheval, aller à la chasse, voilà ce qui remplace, dans leur enfance, la quenouille et le fuseau ; adultes, on les enrégimente, et elles sont condamnées à la virginité, comme à une peine infamante, jusqu’à ce qu’elles aient donné la mort à un ennemi » (Description de la terre, 3, 4).
Tacite mentionne des coutumes similaires en Germanie, ce qui prouve qu'aussi surprenantes soient-elles, elles n'étaient pas rares :
« Après les Suiones [Suédois] viennent immédiatement les Sitones. Semblables en tout le reste, ils diffèrent d’eux en un point ; c’est qu’ils obéissent à une femme : tant ils sont tombés au-dessous, je ne dirai pas de la liberté, mais de la servitude elle-même. Là finit la Suévie » (Germanie, 45).
À propos des Siginni, peuple du nord de la Perse, Strabon mentionne lui aussi des coutumes inversées, qui placent la femme dans une position avantageuse :
« Les Siginni, qui, pour tout le reste, vivent à la façon des Perses, se servent de méchants petits chevaux tout velus, beaucoup trop faibles pour être montés, mais qu'ils attellent à leurs quadriges et qu'ils laissent aux femmes le soin de conduire : elles s'y exercent dès leur enfance et celle qui arrive à savoir le mieux conduire a le droit de se choisir l'époux qu'elle veut » (Géographie, 11,11).
À propos des Tapyres, peuple de Médie (nord-ouest de la Perse), Strabon rapporte les mêmes coutumes, à quelques variations près :
« Un autre usage propre aux Tapyres, c'est que tous les hommes, chez eux, s'habillent de noir et portent les cheveux longs, tandis que les femmes s'habillent de blanc et ont toutes les cheveux courts. Celui d'entre eux qui est réputé le plus brave a le droit d'épouser la femme de son choix » (ibid).
À quelques siècles du Moyen-âge, le géographe romain Ammien Marcellin, se contentant peut-être de compiler les auteurs que nous avons cité, mentionne encore ce peuple de femmes rebelles et dominatrices :
« Ces guerrières des temps passés, après avoir anéanti par leurs continuelles et sanglantes incursions tous les États leurs voisins, aspiraient encore à frapper de plus grands coups. Confiantes dans leurs forces, et entraînées par une ardeur de conquête, elles allèrent, passant sur le corps d’une multitude de peuples, chercher dans les Athéniens de plus redoutables adversaires. La lutte fut opiniâtre ; mais enfin leur armée plia, par la déroute de la cavalerie, qui garnissait les ailes ; et toutes les Amazones mordirent la poussière. À la nouvelle de ce désastre, celles qui, moins propres à porter les armes, étaient restées dans leurs foyers, se voyant réduites à l’extrémité, et redoutant les représailles de voisins irrités des maux qu’elles leur avaient fait souffrir, se retirèrent sur les bords plus tranquilles du Thermodon. Leur postérité y multiplia, et plus tard, rentrée en force dans son ancienne patrie, redevint la terreur de toutes les nations étrangères » (Histoire de Rome, 22, 8, 18 et 19).
La confrontation entre Athènes et les Amazones est pour la première fois relatée par Hérodote. Le récit de cet événement, qui se passa autour de la mer Noire, possède une tonalité plus historique que mythologique :
« Lorsque les Grecs eurent combattu contre les Amazones et qu'ils eurent remporté la victoire sur les bords du Thermodon [nord de la Cappadoce], on raconte qu'ils emmenèrent avec eux, dans trois vaisseaux, toutes celles qu'ils avaient pu faire prisonnières. Lorsqu'on fut en pleine mer, elles attaquèrent leurs vainqueurs et les taillèrent en pièces. Mais, comme elles n'entendaient rien à la manœuvre des vaisseaux et qu'elles ne savaient pas faire usage du gouvernail, des voiles et des rames, après qu'elles eurent tué les hommes, elles se laissèrent aller au gré des flots et des vents, et abordèrent en Crimée, le pays des Scythes libres. Les Amazones, étant descendues de leurs vaisseaux en cet endroit, avancèrent par le milieu des terres habitées ; et, s'étant emparées du premier haras qu'elles rencontrèrent sur leur route, elles montèrent à cheval, et pillèrent les terres des Scythes. »
Les Amazones s'unissent alors à des jeunes Scythes qui ne montrent aucun signe d'hostilité envers elles, puis :
« Ils passèrent le Tanaïs [Don] et, ayant marché trois jours à l'est, et autant depuis le Palus-Maeotis vers le nord, ils arrivèrent dans le pays qu'ils habitent encore maintenant, et où ils fixèrent leur demeure. De là vient que les femmes des Sauromates ont conservé leurs anciennes coutumes : elles montent à cheval, et vont à la chasse, tantôt seules et tantôt avec leurs maris. Elles les accompagnent aussi à la guerre, et portent les mêmes habits qu'eux » (Histoires, 4,110).
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