Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Cosmogonie aztèque

LES QUATRE PREMIERS SOLEILS

De Nathalie Ragot

« Selon l'Historia de los Mexicanos por sus Pinturas, transcription du XVIe siècle d'un manuscrit pictographique indigène, à l'origine des temps le monde était dans une obscurité presque totale. La divinité suprême duale Ometeotl, « Dieu Deux », composée d'un aspect masculin Ometecuhtli et un aspect féminin Omecihuatl, engendra quatre démiurges.

Deux d'entre eux, Tezcatlipoca et Quetzalcoatl, s'occupèrent de créer le ciel et la Terre à partir du corps du monstre Tlalteotl, le feu, les eaux, un couple humain, le compte des jours et des années et un demi-soleil qui éclairait peu.

Pour pallier cela, Tezcatlipoca se fit Soleil afin d'illuminer pleinement toute la Terre. Ainsi débuta le premier Soleil appelé en nahuatl Tlaltonatiuh, Soleil de Terre (il est aussi nommé Ocelotonatiuh, Soleil de Jaguar). L'humanité qui le peupla était composée de géants qui arrachaient les arbres avec leurs mains et se nourrissaient de glands. Ce Soleil s'acheva au bout de 676 ans, soit 13 cycles de 52 ans, quand Quetzalcoatl asséna un grand coup de bâton à Tezcatlipoca. Tombé dans l'eau, celui-ci se transforma en jaguar et dévora les géants.

Devenu Soleil à son tour, Quetzalcoatl domina le Soleil de Vent, Ehecatonatiuh. Dans cet âge vivaient des hommes qui ne mangeaient que des pignons de pin. Après 676 ans, Tezcatlipoca s'attaqua à Quetzalcoatl et le fit tomber. Il provoqua ensuite un vent terrible qui emporta tout sur son passage et transforma les hommes en singes.

Le troisième Soleil est le Soleil de Feu, Tletonatiuh, ou Soleil de Pluie de Feu, Quiauhtonatiuh. avait pour seigneur Tlalocantecuhtli et était peuplé d'hommes qui s'alimentaient d'acicintli, une graine ressemblant au blé et poussant dans l'eau. Au bout de 364 ans (soit sept cycles de 52 ans), Quetzalcoatl fit s'abattre une pluie de feu et les hommes furent changés en dindons.

Vint ensuite le quatrième Soleil, ou Soleil d'Eau, Atonatiuh. Quetzalcoatl installa la déesse Chalchiuhtlicue comme seigneur pendant 312 ans (soit 6 cycles de 52 ans). Les hommes de cette ère s'alimentaient de cincopi, une sorte d'ivraie ressemblant à la tige du maïs. Un immense déluge en termina avec ce Soleil ; les cieux s'effondrèrent sur la Terre et les hommes se transformèrent en diverses variétés de poissons.

LE CINQUIÈME SOLEIL La tradition aztèque compte un cinquième Soleil, synthèse et quintessence des précédents. C'est le Soleil de Mouvement, Ollintonatiuh, dominé par Tezcatlipoca confondu avec Huitzilopochtli, la divinité tutélaire des Mexicas. Il correspond à l'ère présente qui devrait s'achever dans des tremblements de terre et des famines, un effondrement de la voûte céleste et la descente des tzitzimime, de terribles monstres nocturnes squelettiques dotés de serres, qui dévoreront l'humanité. »

 

La création du Soleil et de la Lune à l'aube du quatrième Soleil

De Nathalie Ragot

Les dieux se réunirent à Teotihuacan, « Là où sont faits les dieux », pour savoir qui seraient les « luminaires du monde »selon la version du mythe recueilli par le frère Bernardino de Sahaglîn au X VIe siècle, alors que le monde était dans l'obscurité après la destruction du troisième Soleil, les dieux rassemblés à Teotihuacan se demandèrent lesquels d'entre eux seraient les astres qui éclaireraient le nouveau Soleil. Tecciztecatl, « Celui de la Conque » se présenta pour être Soleil et on désignia Nanahuatl, « Bubonneux », pour devenir Lune. Un grand bûcher fut allumé et les deux dieux entrèrent en pénitence. Tecciztecatl, riche et opulent, présenta de précieuses offrandes (plumes de quetzal, or et corail), tandis que Nanahuatl, humble et pauvre, offrit des épines couvertes de son propre sang et les croûtes de ses bubons.

Après quatre jours, les deux postulants furent conduits devant le grand bûcher dans lequel ils devaient se jeter afin que se réalise la transformation. A minuit, Tecciztecatl essaya vainement à quatre reprises de sauter dans le feu mais l'excessive chaleur le fit reculer. Nanahuatl s'élança alors sans faillir dans le brasier ardent. Tecciztecatl le suivit et les deux dieux furent consumés. Ne sachant pas dans quelle direction allait sortir le Soleil, les dieux s'assirent et attendirent. Quand le Soleil et la Lune surgirent enfin à l'horizon, ils brillaient du même éclat. Comme il ne pouvait y avoir deux astres identiques, un dieu lança un lapin dans la figure de Tecciztecatl, ce qui lui obscurcit la face et le transforma ainsi en Lune. C'est pour cela que l'on croit encore qu'il y a un lapin dans la Lune. Soleil restait immobile dans le ciel, menaçant de tout brûler de ses rayons. Les dieux décidèrent alors de mourir pour mettre en mouvement les astres. Ils dirent

« Comment vivrons-nous, le Soleil n'est pas en mouvement : vivrons- nous mêlés aux méritants ? Mais donc, que par nous il se vivifie, que tous nous mourions. » Ehecatl, le dieu du vent, fut chargé de la mise à mort. »

 

Les quatre créations de l'homme Amérique centrale. Socle commun amérindien.

De Depuis C. C. Ragache, Mythes et légendes - la création du monde

Au commencement du monde, lorsque seuls le ciel et la mer existaient, sept dieux se réunirent en conseil : les quatre gardiens des angles de l'Univers, Tepeu l'Ouvrier, Gucumatz [Quetzalcóatl] le Seigneur au manteau de plumes vertes, et Huracan [Tezcalipoca ?], appelé aussi «Cœur du Ciel». Ils répandaient dans les ténèbres une clarté resplendissante.

Quand ils se furent mis d'accord, Huracan lança la foudre et l'éclair, fit rouler le tonnerre et prononça le mot « Terre» : aussitôt la Terre apparut à la surface de la mer, les montagnes se dressèrent, les vallées se creusèrent, et une végétation verdoyante recouvrit le paysage, à la grande joie de Gucumatz : «Sois remercié, Huracan!» s'écria-t-il.

« Notre œuvre n'a aucun sens s'il n'existe personne pour nous en féliciter, fit remarquer un dieu. Créons donc des êtres parfaits, qui devront nous honorer et chanter nos louanges ! »

Ils se mirent à la tâche, et donnèrent ainsi la vie aux premiers habitants de la Terre : les oiseaux, les serpents et les fauves. Les dieux définirent le langage de chaque espèce et décidèrent d'employer les animaux comme gardiens des végétaux. «A présent, célébrez vos créateurs! ordonnèrent-ils. Invoquez nos noms! Honorez notre gloire!» Hélas, les animaux ne purent que gazouiller, siffler ou hurler. Déçus, les dieux en conclurent que ces premiers êtres vivants n'étaient pas parfaits, et ils leur dirent :

« Vous serez désormais condamnés à être pourchassés, tués et mangés!»

Peu désireux de rester sur un échec, les sept dieux décidèrent alors de fabriquer les hommes qui, pensaient-ils, sauraient montrer de la reconnaissance envers leurs créateurs. Ils modelèrent donc à l'aide de terre humide tout un peuple d'êtres humains, mais une nouvelle fois ils furent déçus. En effet, bien qu'animées et sachant parler, ces statues d'argile ne pouvaient tourner la tête, et regardaient toujours dans la même direction; de plus elles se désagrégeaient au contact de l'eau. Surtout, les dieux leur reprochaient de n'éprouver aucun sentiment et de ne montrer pas plus d'intelligence que les animaux. Ils les détruisent donc et se réunirent une troisième fois pour chercher le moyen de créer des hommes qui se souviendraient d'eux : «Essayons le bois!» se dirent-ils.

Bientôt la Terre se peupla de mannequins taillés dans du bois. Ils parlaient, se reproduisaient, savaient construire des maisons; mais ils n'avaient pas de cœur, ne comprenaient rien, allaient sans but. Comme précédemment les statues d'argile, les mannequins de bois ignoraient leurs créateurs. Ils tombèrent donc en disgrâce, se desséchèrent, puis les dieux les condamnèrent à disparaître totalement de la surface de la Terre. Sans arrêt, pendant des jours et des jours, ils firent tomber du ciel une pluie noire comme les ténèbres, accompagnée de torrents de résine. Pour échapper à l'inondation, les hommes de bois essayèrent de se réfugier sur les toits ou dans les arbres, mais les animaux domestiques et les outils, mécontents des mauvais traitements qu'ils avaient subis, se révoltèrent à leur tour et les poursuivirent. De rares survivants de cette race de bois réussirent à se cacher dans les forêts, où ils donnèrent naissance à une espèce de petits singes qui vit dans les arbres.

Décidés à réussir coûte que coûte la création des hommes véritables, les dieux se réunirent à nouveau ils devaient y parvenir dans l'obscurité de la nuit . avant l'aurore! «ll nous faudrait un matériau noble, dont nous ferions la chair et le sang des hommes, et qui leur donnerait à la fois la vie, la force et l'intelligence. Mais où le trouver?» se demandèrent-ils.

Alors que les dieux réfléchissaient, quatre animaux vinrent les trouver : le chat sauvage, le coyote, la perruche et le milan. « Nous savons quel est ce matériau annoncèrent-ils. Suivez-nous ! »

Ils conduisirent les dieux dans une région où poussaient naturellement de nombreuses plantes nourricières, dont le maïs blanc et le maïs jaune. « Voici donc la plante magique dont nous ferons les hommes!» dirent les dieux. Ils égrenèrent les épis, moulurent les grains jaunes et blancs, et fabriquèrent une pâte dont ils firent la chair de quatre hommes. C'étaient enfin des êtres intelligents! Ils remerciaient leurs créateurs en invoquant leurs noms. Ils voyaient dans les ténèbres, parlaient le même langage et devinrent aussi savants que les dieux. Ceux-ci finirent par s'inquiéter : « Nous avons trop bien réussi cette fois : limitons leur pouvoir!» Ils jetèrent alors aux yeux des hommes un nuage de vapeur qui ternit leur regard, si bien qu'ils ne voient plus désormais de l'Univers que ce qui est proche. Enfin satisfaits, les dieux créèrent quatre femmes de maïs et les placèrent près des hommes pendant leur sommeil. A leur réveil, ceux-ci eurent donc la joie de découvrir des compagnes : le peuple maya-quiché était né.

 

Les astres du cinquième monde

Il y a bien longtemps a existé un premier monde, différent du nôtre, sur lequel régnait le sombre Tezcatlipoca, dieu du nord, du froid et de la pluie. Un jour, souple et puissant, un immense jaguar bondit vers le ciel et avala le Soleil. Ce cataclysme était l'œuvre du dieu lui-même qui, après s'être transformé en jaguar, déclencha ainsi la fin de ce premier monde.

Un deuxième monde lui succéda, qui disparut à son tour sous l'action de sorciers aidés par le dieu Quetzalcoatl : tandis que les magiciens transformaient tous les hommes en singes, le dieu provoqua de violentes rafales de vent qui, courant d'ouest en est, détruisirent tout sur leur passage.

Une pluie de laves incandescentes venues du sud mit fin au troisième monde : cette fois le responsable en était Tlaloc, dieu de la pluie, de la foudre, des éclairs et des volcans.

De l'est enfin survint un déluge, qui noya la Terre pendant 52 années et abattit le Ciel : la déesse des eaux anéantit ainsi le quatrième monde.

Seuls, un homme et une femme avaient réussi à trouver refuge au sommet d'un immense cyprès, mais le dieu Tlaloc finit par les découvrir et les transforma en chiens. Quand les eaux se furent retirées, il ne restait sur Terre plus une seule trace de vie humaine.

Il fallait pourtant créer un cinquième monde, car telle est la loi de l'Univers. D'abord, Quetzalcóatl descendit au royaume souterrain : il parvint à ressusciter les morts et permit ainsi la naissance d'une nouvelle humanité. Ensuite les dieux relevèrent le Ciel qui s'était écroulé, puis ils décidèrent de créer le Soleil et la Lune afin de dissiper les ténèbres qui enveloppaient la Terre.

«Lesquels d'entre nous accepteront d'éclairer le monde? se demandèrent-ils les uns aux autres après s'être réunis dans l'obscurité. Je m'en chargerai! répondit Tecciztecatl, dieu d'une belle prestance richement vêtu.

Qui encore ?

— Je le veux bien aussi!» dit une voix timide.

Les dieux tournèrent alors leurs regards vers celui qui venait de parler : étonnés, ils découvrirent un petit dieu malingre et dont les vêtements trahissaient la pauvreté, Nanauatzin. Cependant ils acceptèrent avec soulagement, car devenir le Soleil ou la Lune représentait une épreuve redoutable.

Tandis que les dieux allumaient un grand feu, les deux volontaires entamèrent ue période de pénitence, au terme de laquelle ils firent des offrandes, chacun selon ses richesses : Tecciztecatl donna des boucles d'or, des pierres précieuses et des plumes de grande valeur. Nanauatzin ne put offrir que des roseaux, des pelotes de foin et des épines auxquelles il se blessait les mains. Ensuite tous deux furent revêtus d'ornements spéciaux : un habit de plumes et de fine étoffe pour le premier, une toque et une blouse de papier pour le second. Enfin ils montèrent chacun au sommet d'une pyramide édifiée par les dieux, d'où ils allaient devoir se précipiter dans le feu, car telle était la condition avant de renaître sous la forme du Soleil ou de la Lune.

À quatre reprises Tecciztecatl voulut se jeter dans le brasier, mais il recula chaque fois, saisi de peur. Alors Nanauatzin se lança sans hésiter dans le vide, disparut dans les flammes et devint aussitôt le Soleil. Encouragé par cet exemple, son compagnon l'y suivit et devint à son tour la Lune.

«De quel côté les astres vont-ils se lever?» se demandèrent alors les dieux. «A l'ouest», disaient les uns; «Au nord ou au sud», pensaient les autres. Finalement le Soleil et la Lune donnèrent raison à ceux qui les attendaient à l'est. Le Soleil apparut d'abord, si rouge et resplendissant que nul ne pouvait en soutenir la vue : c'était Nanauatzin, le petit dieu timide et maladif. La Lune, c'est-à-dire Tecciztecatl, se montra presque simultanément, aussi brillante que le Soleil, ce qui provoqua le mécontentement de certains dieux :

«lls ne doivent pas éclairer le monde de la même façon ! » dit l'un d'entre eux. Il lança à la face de la Lune un lièvre qui en atténua l'éclat et y laissa les taches sombres que les hommes observent encore de nos jours. Tecciztecatl fut par la même occasion puni de sa couardise devant le brasier.

Peu après, les autres dieux s'aperçurent que les deux astres s'étaient immobilisés et refusaient de parcourir le ciel. Ils pensèrent alors qu'ils devaient aussi se jeter dans le feu. C'est ainsi que les Aztèques imaginaient la naissance des astres du cinquième monde, le nôtre...

Cosmogonie aztèque
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article