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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

La naissance du BOUDDHA

La lignée solaire du Bouddha

Ragou, l'ancêtre glorieux de la lignée de Rama, descendant lui-même de Sourya, le dieu-soleil, avait jadis choisi de finir sa vie avec une femme de son choix qui n’était pas une de ses reines. Il avait alors quitté Ayodhya et s’était exilé pour vivre avec elle, retiré dans une forêt.

Ragou avait laissé le trône d'Ayodhya à son fils aîné, tandis que ses autres filles et fils, fruits de son union avec ses reines attitrées, s'exilèrent afin de s'établir dans une région située non loin de l'Himalaya, appelée de nos jours le Népal. Ce sont eux qui formèrent le clan des Shakyas, c'est à dire le clan des débrouillards. Il héritèrent de leur nom clanique en débroussaillant leur forêt afin d'y construire une ville, Kapilavastu, qui deviendrait la capitale de leur royaume. Ils nommèrent cette ville en l'honneur de Kapila Muni, le sage ténébreux qui avait vécu dans l'ashram où Indra, le rois des dieux, avait caché le cheval sacrificiel qu'il avait volé à Sagara, le roi des hommes.

Seule, isolée et sans possibilité de perpétuer leur race, c'est alors que les descendants de Ragou considérèrent Piya, leur aînée, comme leur mère, et le soleil comme leur père. Un jour, Piya fut contaminée par la lèpre et dut s’exiler dans une autre forêt pour ne pas nuire à son clan. Elle y rencontra le roi de Varanasi qui, atteint de la même maladie, avait laissé la ville aux mains de son fils et vivait là en ermite. Cependant, grâce à ses pénitences et à son mode de vie ascétique, le roi de Varanasi avait fini par guérir de sa maladie. Pris d'amour pour Piya, celui-ci la soigna puis l’épousa.

Quant à ceux qui étaient demeurés à Kapilavastu, ils se marièrent entre eux et perpétuèrent leur lignée. Siddhartha Gotama dit Shakyamouni, dit Bouddha, fondateur de la doctrine éponyme, fut un de leurs descendants.

Extraits de La Vie du Bouddha, de André-Ferdinand Herold :

 

À l’heure même où naissait le printemps au pays des Shakyas, la reine Mâyâ eut un songe.

Elle vit un jeune éléphant qui descendait du ciel. Il était blanc comme la neige des montagnes et avait six fortes défenses. Alors qu'il entrait dans le corps de Maya, les Dieux, par milliers, apparurent, chantant pour la reine des louanges impérissables.

Mâyâ sentit qu’il n’y avait plus en elle ni inquiétude, ni haine ni colère. Elle s’éveilla. Elle était joyeuse, d’une joie que jamais encore elle n’avait connue.

Elle se leva mit ses plus claires parures, et, suivi de ses plus belles suivantes, elle sortit du palais. Elle traversa les jardins du palais et alla s’asseoir à l’ombre d’un petit bois. Puis elle dit : « Que le roi vienne au bois ; la reine Mâyâ veut le voir et l’attend ! »

Le roi, en hâte, obéit et quitta la salle où, parmi ses conseillers, il rendait la justice aux habitants de la ville. Il marcha vers le bois, mais, comme il allait y entrer, il éprouva une émotion étrange; ses jambes se dérobaient, ses mains tremblaient et ses yeux étaient prêts à pleurer. Il pensait :

« Jamais, même dans la bataille au moment d’affronter les ennemis les plus braves, je ne me suis senti troublé comme maintenant. Qu’ai-je donc ? Qui me dira la raison de mon trouble ? »

Alors une voix retentit dans le ciel :

« Sois heureux, roi Çouddhodana, le meilleur des Kshatryas! Celui qui cherche la science suprême doit naître parmi les hommes et c’est ta famille qu’il a choisie pour la sienne, parce qu'elle est la plus illustre de toutes, la plus heureuse et la plus pure. Pour mère, il a élu la plus noble des femmes, ton épouse, la reine Mâyâ. Sois heureux, roi Çouddhodana ! Celui qui cherche la science suprême a voulu être ton fils ! »

Le roi comprit que les Dieux lui parlaient. Il se réjouit. Ses pas redevinrent fermes, et il entra dans le bois où l’attendait Mâyâ.

Il la vit, et sans orgueil, très doucement, lui dit :

« Pourquoi m’as-tu demandé ? Que désires-tu de moi ? »

La reine raconta au roi le songe qu’elle avait eu. Elle ajouta :

« Seigneur, fais venir ici des brahmanes habiles à expliquer les songes. Ils sauront si c'est le bien ou bien le mal qui est entré dans le palais et si nous devons nous réjouir ou nous lamenter. »

Le roi approuva la reine, et des brahmanes qui connaissaient le mystère des songes furent appelés au palais. Quand ils eurent entendu le récit de Mâyâ, ils parlèrent ainsi :

« Tous deux, ô roi, ô reine, vous aurez une grande joie. Un fils naîtra de vous et il aura les marques et les signes du plus puissant et généreux des pouvoirs. Si, un jour, il renonce à la royauté, s’il abandonne le palais, s’il rejette l’amour, si, pris de pitié pour ce qui existe, il mène la vie errante des religieux, ne vous inquiétez pas, car en agissant ainsi, il méritera des offrandes triomphales et des louanges merveilleuses. S'il mène une vie de Saint, il sera adoré par les trois mondes, car il les rassasiera. Ô maître, ô maîtresse, votre fils sera un Éveillé et on lui attribuera le titre rare et honorifique de Bouddha car il maîtrisera la Bodhi, le Savoir véritable!»

 

Les brahmanes se retirèrent. Le roi et la reine se regardaient et leurs visages étaient beaux de bonheur et de paix. Çouddhodana fit distribuer de grandes aumônes à travers le territoire contrôlé par le clan des Shakyas et qui s'étendait des contreforts himalayens à la plaine Gangétique. Ceux qui avaient faim eurent à manger et ceux qui avaient soif eurent à boire. Les femmes qui habitaient le royaume furent traité en déesse et elles reçurent des fleurs et des parfums. Sans cesse, des brises mélodieuses passaient sur la ville, tandis que du ciel pleuvaient des pétales divines et que s'élevaient au dessus des murs du palais des chants de reconnaissance qui montaient vers les appartements royaux.

La reine Mâyâ était belle à voir et les malades se pressaient sur sa route car, dès qu’elle étendait vers eux la main droite, ils étaient aussitôt guéris. Après son passage, des aveugles virent, des sourds entendirent et des muets parlèrent. Si les moribonds touchaient les brins d’herbe qu’elle avait cueillis ou foulés de ses pas, ils recouvraient aussitôt la force et la santé.

 

Cependant, la reine Mâyâ ne put supporter longtemps la joie que lui donna son fils en naissant et il n'avait que sept jours quand elle monta au ciel rejoindre les Dieux. On donna à l'enfant le nom de Gotama, parce que le prénom de sa mère était Gotami. Gotama veut dire « celui qui éclaire les ténèbres. » Plus tard, on lui donna le surnom de Siddharta, car un Siddha est un moine ascète en quête de vérité si ce n'est déjà en pleine maîtrise de cette ultime vérité. Une fois célèbre, honoré de toute part, il reçut le nom de Shakya-Mouni, qui veut dire littéralement « La Lumière du clan des Shakyas. »

*

Siddhartha Gotama Shakyamouni, dit Bouddha, est donc la Vérité incarnée dans un corps humain appartenant à la caste dirigeantes et guerrière des Kshatrya et non, comme une sorte de règle acide semblait l'imposer jusqu'alors, dans celle de la caste sacerdotale et enseignante des brahmanes. En somme, Gotama incarne une alternative à l'omniprésence brahmanique dans les pratiques religieuses et dans les débats théoriques philosophiques et ésotériques. Bouddha, et c'est son rôle dans l'Histoire, fut la preuve vivante qu'il est possible à un être humain non-brahmane d'accéder par lui-même et sans l'aide des brahmanes, à la véritable nature de l’existence.

Plus encore, l'existence du Bouddha indique qu'il est possible de trouver le salut sans même l'intervention d'un rituel ou d'une prière védique, mais seulement grâce une introspection impeccable et à l'adoption que quelques principes de base théologiques et philosophique appelé « doctrine bouddhiste. »

Né dans le Kali Yuga, à bien des égard Bouddha est une incarnation de l'être cosmique relativement décadente et donc particulièrement adapté au dernier âge de l’humanité, celle qui précède le déluge et dans laquelle règne l'inversion, l'oublie des traditions, l'anarchie et la décadence. Bouddha est à l'image des habitants de cette ère culturelle, il ne reconnaît ni l'autorité intemporelle des dieux védiques, ni celles temporel des brahmanes. Mais aussi, son discours s'adressent au plus grand nombre, tandis que les brahmane gardait leur savoir pour ne le délivrer qu'à une poignée d'initié qui ensuite officiaient durant les rituels en chantant des mantras.

Ainsi, même s'il est l'évidente incarnation d'une perversion des rites et de la tradition initiale, face aux évidentes dérives brahmaniques, Bouddha est le champion du nihilisme des temps modernes, qui, à la place des milles dieux, ne verrait qu'une multitude de souffrance qu'il se propose de remplacer par un immense vide intersidéral. Et ce vide n'est rien d'autre que le Brahmane, l'âme cosmique de l'univers. Se fondre en lui est le but ultime de tous les sages d'Orient depuis la nuit des temps.

Le destin du jeune prince Gotama était donc déjà tracé, et il ne lui restait qu'à le suivre.

*

Mâyâ avait une sœur, Mahâ-Prajâpatî, presque aussi belle et presque aussi sage qu’elle. On chargea Mahâ-Prajâpatî d’élever le prince, et elle l'éleva dans la justice et l'amour comme s'il eut été son propre enfant. Grâce à elle, comme des braises dont jaillissent les flammes sous un vent favorable, comme la lune nouvelle qui est l'étoile la plus lumineuse de la nuit après en avoir été absente quelques semaines, comme le soleil qui se lève à l’Orient au dessus des montagnes, le prince Gotama grandissait.

La naissance du BOUDDHA
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