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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Cosmogonie des Dogons

La cosmogonie des Dogons

 

Selon Germaine Dieterlen, dans Textes sacrés d'Afrique Noire :

« Amma, qui a créé l'univers, en a confié la gestion, c'est-à-dire l'organisation, le développement dans le temps et l'espace, à ses premières créatures vivantes et animées qui portent le nom de Nommo. Deux d'entre eux siègent avec lui dans le ciel, le troisième dans l'eau (élément de vie) sur la terre. Ce dernier fut sacrifié au ciel pour réparer les désordres cosmiques causés par son frère jumeau, formateur de la terre, qui fut déchu et transformé en Renard. La victime ressuscita, descendit sur la terre dans une arche qui contenait tout ce qu'Amma avait créé, pour y vivre, notamment les ancêtres des hommes, considérés comme ses « fils ». Dans cette perspective, les Nommo, agents de l'ordre et de la vie, nantis des pouvoirs conférés par Amma, lutteront efficacement dans le ciel et sur la terre contre les désordres instaurés et perpétués par le Renard ; désordres qui provoquèrent l'apparition de la mort dans un univers dont tous les éléments, à l'origine, devaient être immortels comme leur Créateur. »

 

Dans le conte "Le grenier du monde" dans C. C. Ragache "Mythes et légendes - la création du monde" :

 

Lorsque le dieu Amma créa la Terre, il se servit d'une poignée de glaise qu'il pétrit longuement avant de la lancer dans l'espace où elle s'étala du nord au sud et de l'est à l'ouest. Amma utilisa la même technique pour créer les étoiles, se servant cette fois de boulettes plus petites qui se mirent à scintiller dès qu'il les projeta dans toutes les directions. Puis il perfectionna son art pour former le soleil et la lune, immenses boules de terre cuite entourées d'une spirale de cuivre rouge ou blanc incandescent.

La Terre était déserte et aride : Amma lui envoya la pluie pour la rendre fertile. Ensuite il s'unit à la nouvelle planète pour donner naissance aux êtres vivants qui la peupleraient. Leur premier enfant fut un chacal malfaisant, et les suivants des jumeaux mi-hommes mi-serpents.

Déçu, Amma revint à la technique de la poterie et modela quatre hommes et quatre femmes en argile, puis il les envoya sur la Terre. La mission des huit premiers humains était simple : créer une nombreuse descendance et enseigner des techniques aux hommes. La vie terrestre de ces ancêtres aurait dû être éternelle, mais au bout d'un certain temps, Amma les rappela auprès de lui. Ils retournèrent au Ciel, où le dieu leur interdit de se rencontrer, car il redoutait de les voir se quereller.

Afin qu'ils puissent manger à leur faim, il avait distribué à chacun d'eux les graines de huit plantes nourricières, dont le mil, le riz et le haricot; la dernière, celle de la digitaria, était si petite et si peu commode à préparer que le premier des huit ancêtres jura de ne jamais en manger.

Or il arriva que toutes les graines furent épuisées, sauf une : la minuscule digitaria. Le premier ancêtre se décida donc à consommer cette dernière graine. Ayant rompu son serment, il était devenu indigne de rester au Ciel. Il prépara son retour sur la Terre.

Le premier ancêtre se souvint alors de l'état misérable dans lequel vivaient les hommes qu'ils avaient abandonnés sur la Terre : comme des fourmis ils habitaient des galeries creusés dans le sol; ils ne possédaient aucun outil, ne connaissaient pas le feu et, de plus, auraient eu bien du mal à travailler car leurs membres, comme ceux des huit ancêtres, étaient dépourvus d'articulations et souples comme des serpents. Avant de quitter le Ciel, il rassembla donc tout ce qu'il jugea utile aux hommes. Tout d'abord, un mâle et une femelle d'espèces animales inconnues sur la Terre : poules et coqs, moutons, chèvres, chats, chiens et même souris et rats; parmi les animaux sauvages il choisit les antilopes, les hyènes, les chats sauvages, les singes, les éléphants; il pensa aussi aux oiseaux, aux insectes, aux poissons. Il s'occupa également du monde végétal, en commençant par le baobab et, naturellement, il n'oublia pas les huit graines nourricières qu'il connaissait bien. Il voulait enfin apporter aux hommes un soufflet, une masse et une enclume pour leur apprendre à forger des outils.

[Afin d'amener ses produits sur terre plus facilement, il fabrique un vaisseau-cargo spatial en forme de pyramide, qu'il projette de laisser tomber du ciel vers la terre.]

Il lui restait le plus dangereux à accomplir : dérober aux forgerons du ciel un morceau de soleil, afin d'apporter le feu aux hommes. Il se glissa dans leur atelier et, à l'aide d'un bâton recourbé, il s'empara de quelques braises et d'un fragment de fer incandescent, qu'il cacha dans le soufflet. [...] Furieux, les deux forgerons lancèrent des brandons enflammés sur le voleur de feu, qui se protégea à l'aide de la peau de mouton recouvrant le soufflet. Cependant, l'édifice descendait de plus en plus vite, laissant dans son sillage une gerbe d'étincelles...

L'atterrissage fut rude : l'ancêtre perdit l'équilibre, l'enclume et la masse brisèrent ses membres souples, créant les articulations dont ils étaient jusque-là dépourvus. Aussitôt la même transformation s'opéra sur le corps de tous les hommes. Alors l'ancêtre délimita le premier champ, construisit le premier village et la première forge. Puis il apprit aux hommes à cultiver à l'aide de la houe. Les sept autres ancêtres le rejoignirent, chacun apportant le secret de plusieurs techniques, comme la cordonnerie ou la fabrication des instruments de musique.

 

 

Dans Nicole Goisbeault, "un mythe de création ; le mythe dogon", dans le Dictionnaire des mythes littéraires :

Première version

« Amma, le dieu créateur a fait le soleil comme une poterie chauffée à blanc, entourée d'une spirale à huit tours de cuivre rouge ; la lune de même, mais elle n'est chauffée que par quartiers et son cuivre est blanc. Comme il avait fait pour les astres, il a façonné la Terre dans un boudin de glaise qu'il a lancé dans l'espace ; la matière en s'étalant a pris la forme d'un corps de femme dont la fourmilière est le sexe et la termitière le clitoris. Mais Dieu se trouvant seul voulut s'unir à la terre ; il dut pour cela « abattre » la termitière et de ce viol premier naquit un être unique le chacal, au lieu des jumeaux prévus.

L'excision de la « Terre-femme » ayant cependant purifié cette union malheureuse, naquirent ensuite des jumeaux deux génies « Nommo » inaugurant le cycle régulier de la gémelliparité représentant l'unité idéale. Ces êtres androgynes, mi-hommes, mi-reptiles, conçus dans la matrice terrestre sont deux produits homogènes de Dieu et sont comme tels, porteurs de la force vitale du monde assimilée à l'eau et à la parole divine, principe organisateur majeur.

La Terre étant « nue et sans parole », le Nommo délégué par Dieu la lui apporta dans des fibres torsadées tirées de plantes célestes, ce vêtement constituant le premier acte d'ordonnance universelle. Mais le chacal, fils aîné déçu de Dieu, introduisit le désordre dans la Création : voulant posséder la parole, il mit la main sur le vêtement de sa mère la Terre qui la contenait. Coupable du premier inceste, il ne détient que la « première parole », incomplète, encore inarticulée, qu'il utilisera pour parler aux devins à travers la table de divination.

À cet inceste est liée aussi l'apparition du sang menstruel, signe de l'impureté de la Terre de qui Dieu se détourna pour créer directement des êtres vivants. Il modela ainsi le premier couple humain, homme et femme étant munis chacun de deux âmes de sexe différent pour conserver le principe de, la gémelliparité. Leurs huit descendants qui allaient devenir les ancêtres du peuple dogon furent régénérés par le couple Nommo dans le sein terrestre (fourmilière) et métamorphosés eux-mêmes en Nommo.

Le nombre sept, somme de la féminité et de la masculinité, étant le nombre parfait, le septième ancêtre reçut la connaissance d'un verbe plus clair, destiné cette fois à l'ensemble des hommes. Prenant le pas sur le mauvais fils de Dieu, le chacal, qui ne détenait que la première parole, il octroya la deuxième parole aux hommes par l'intermédiaire de la fourmi, avatar de la terre. Comme avait fait le Grand Nommo, il « tissa » cette parole dans des fils de coton, croisant et décroisant les fils entre ses dents. A son tour, la fourmi, ayant emmagasiné des fibres de coton, les fila, tirant devant les hommes les fils comme avait fait le génie, divulguant ainsi les paroles que les hommes répétaient.

Le septième ancêtre a donné sa parole au travers d'une technique pour montrer la nécessité d'une coopération entre les gestes matériels et les forces spirituelles.

Après leur métamorphose en « Nommo », les huit ancêtres remontèrent au ciel d'où ils redescendirent plus tard pour apporter toutes les choses utiles aux hommes et au développement de la civilisation.

Leur descente est la conséquence d'une rupture d'interdit : ils ne respectèrent pas l'obligation qui leur avait été imposée de vivre séparément et de se nourrir chacun avec l'une des huit graines remises par Amma. Devenus impurs, ils durent quitter les régions célestes. Pour descendre sur terre ils reçurent un panier tressé, à ouverture circulaire et fond carré contenant symboliquement tout le système.du monde dont ils devenaient les moniteurs : la base de l'édifice représentait le soleil, la terrasse carrée rappelait le ciel avec un cercle au centre figurant la lune ; quatre escaliers aménagés à l'intérieur et orientés vers les quatre points cardinaux supportaient chacun une catégorie d'êtres en rapport avec les Constellations. Agencé comme une fourmilière à huit compartiments contenant chacun une des huit graines données par Dieu et rappelant les huit organes du premier Nommo, le panier des Ancêtres est dit « Grenier du Maître de la Terre pure », image du système du monde et de son fonctionnement qui devait servir de modèle à tous les greniers terrestres.

Les hommes présents dans ce grenier primordial sont les Bozo, premiers occupants du Niger.

Le premier des huit ancêtres est aussi le premier forgeron, descendu le long d'un arc-en-ciel après avoir dérobé le feu de l'atelier céleste du Grand Nommo, à l'aide d'un bâton recourbé dit « bâton de voleur ». Il a donné le fer aux hommes sous forme de houe, signalant ainsi le début de l'agriculture. C'est lui qui a délimité le premier champ : un carré de 80 coudées de côté, divisé en 80 fois 80 carrés d'une coudée répartis entre les huit familles descendant des premiers ancêtres. Il purifia le sol souillé par la faute du chacal en y mettant du torchis céleste, toute entreprise de culture devant dès lors faire reculer l'impureté de la terre. […] Sur le plan symbolique, la masse du forgeron est la main palmée du Génie de l'eau, le Grand Nommo mâle du ciel et l'enclume sa femelle. Quand la masse frappe l'enclume, le couple s'unit. » N. Goisbeault, Mythe dogon, dans le Dictionnaire des mythes littéraires.

La femme de l'Ancêtre-forgeron est quant à elle la première potière et la natte sur laquelle elle travailla est celle du premier couple humain ; en pétrissant la glaise, elle imite le travail de Dieu.

Le premier ancêtre descendu, les autres suivirent, notamment l'ancêtre des cordonniers et celui des griots mais un incident se produisit : rompant l'ordre de préséance, le huitième descendit avant le septième qui était le Maître de la parole. Courroucé, celui-ci arrivant au sol sous la forme d'un grand serpent, se précipita sur le grenier pour y prendre les graines. L'Ancêtre-forgeron conseilla alors aux hommes de tuer le serpent, de le manger et de lui confier sa tête. Il fit un trou, l'enterra, le recouvrit de la pierre qui lui sert de siège pour frapper le fer ; c'est pourquoi l'on dit aujourd'hui que le forgeron est assis sur la tête du serpent. »

 

Deuxième version

En 1956, Marcel Griaule et Germaine Dieterlen publient Le Renard Pâle qui relate une version quelque peu différente du mythe dogon, surtout en ce qui concerne la genèse du monde.

Au commencement était l'Œuf primordial dit « Œuf d'Amma » le dieu créateur qui a donné l'impulsion première aux choses. Comparé à une termitière, cet œuf est divisé en quatre parties dites « clavicules d'Amma » qui préfigurent les quatre éléments. Le centre de l'œuf dit « Assise d'Amma » constitue sous la forme d'une spirale connotant la force vitale et le mouvement interne de la vie, la matrice originelle, le placenta où seront formés tous les êtres. C'est par sa « parole » qu'Amma a formé et fécondé le placenta initial.

Avant de créer le Monde, Amma l'a pensé et l'a dessiné dans l'espace en 266 signes dont l'ensemble est dit « Amma invisible », soit 2 signes pour lui-même et 264 autres classés en 22 catégories de 12 qui résument sa pensée et seront associées plus tard au partage des totems.

La première chose créée fut la graine de « sene » (acacia), par superposition simple des quatre éléments ; mais, mécontent de son œuvre, Amma la reprit en brassant cette fois ensemble les quatre éléments, ce qui donna la graine de « pô » (fonio) dans laquelle il a mis ses sept paroles, le nombre sept définissant le principe de la gémellité image de la perfection. Dieu créa ainsi huit graines dont le haricot dit « nourriture d'Amma » est symbole de fécondité. Le « travail » de création d'Amma est associé au mouvement du Dieu tournoyant sur lui-même et c'est cette « danse » que reproduit le porteur de masque.

La deuxième étape de la Création est relative à l'apparition des premiers êtres animés. Le placenta originel en forme de calebasse s'est scindé en deux, connotant la division du temps jour/nuit, lune/soleil et la fondamentale dualité de l'homme. Ainsi naquit le silure dit « Nommo anagonno », être double, image de la complétude et de la fécondité future, immortel comme son créateur. Dieu lui a donné ses yeux dont les quatre angles figurent l'espace orienté : il est donc « l'œil d'Amma » qui surveille la marche de l'univers.

Amma procéda ensuite à la multiplication des êtres : son but était de créer quatre paires de jumeaux mixtes devant donner naissance à des êtres parfaits comme eux, par dédoublements successifs. Mais cette entreprise fut contrariée par l'action du quatrième Nommo : Ogo. Impatient d'obtenir sa « jumelle » et désireux de percer le secret d'Amma, celui-ci sortit prématurément du placenta dont il arracha un morceau qui devint « l'Arche d'Ogo ». Il vola aussi la première graine. Face à ce « désordre », Amma intervint et de ce morceau de placenta, il fit la Terre. Pour se faire l'égal de Dieu, Ogo voulut alors la féconder, mais la pénétrant, il s'unissait à sa Mère, réalisant le premier inceste aux conséquences graves. De l'union d'Ogo avec la Terre, ne naquirent que des êtres incomplets.

Après cet échec, Ogo voulut remonter au ciel mais Amma donna ordre au second Nommo de transformer le placenta volé en feu brûlant : ce fut le Soleil dit « nay » (quatre) rappelant la féminité du placenta. Pensant pouvoir prendre possession de l'univers, Ogo vola aussi les huit graines mâles créées par Amma et les cacha dans une seconde arche, puis il redescendit sur terre en perçant dans l'œuf primordial un trou qui, sur l'intervention d'Amma devint la lune. Amma délégua la fourmi pour reprendre les graines et le second Nommo pour écraser le morceau de placenta qui, en pourrissant, introduisit dans la création le germe de la destruction et par suite, la mort. En guise de châtiment, Amma circoncit Ogo, lui coupa la langue et le transforma en renard, « yurugu ». Privé de parole, celui-ci ne pourra plus communiquer avec les hommes qu'avec ses pattes dont il laissera l'empreinte sur la table de divination. Il restera dans l'univers l'agent permanent du désordre et son arche, faite de terre impure, est le symbole de la brousse inculte, son domaine désormais.

Pour purifier le monde des méfaits issus de la révolte du quatrième Nommo, et reprendre son œuvre créatrice, Amma sacrifia le troisième Nommo auquel il devait reprendre les « sièges de la parole » dont il l'avait doté. Lors du sacrifice, Amma préleva sur la victime les « quatre âmes de corps » auxquelles il ajouta « quatre âmes de sexe », les êtres formés par la suite devant être de sexe différent et non plus androgynes, l'union sexuelle devenant ainsi nécessaire à la procréation. Il préleva aussi les dents du Nommo pour conserver la parole articulée, sous forme de huit petites perles ou pierres d'alliance, doublet des huit graines initiales, puis le sperme qui contient l'eau mâle et femelle, ainsi que l'image des deux silures, premier couple préfigurant l'homme au stade fœtal. Il préleva enfin les huit organes principaux du Nommo, partagea son corps en soixante morceaux dont il fit sept tas d'où surgit une Constellation de sept étoiles ; il les rassembla ensuite en quatre tas qu'il lança dans la direction des quatre points cardinaux afin de purifier l'espace.

Après le sacrifice du troisième Nommo, Amma le ressuscita sous la forme de jumeaux humains mixtes, pétris au centre même du placenta originel. Ceux-ci reçurent huit âmes (quatre de corps et quatre de sexe), ainsi que la force vitale d'Amma et les huit graines des clavicules. Cette seconde création fut réalisée en cinq périodes que rappelle la semaine dogon de cinq jours.

Du sang du sacrifié naquirent les étoiles et planètes dont le mouvement atteste la réorganisation de l'univers ; les étoiles sorties du sein d'Amma sont dites « parures du Nommo ».

L'eau mâle du sexe du sacrifié tombera sur la terre sous forme de pluies constituant les réseaux d'eau douce sur le sol, l'eau femelle constituant les mers.

Le couple Nommo ressuscité devait ensuite jouer le rôle de moniteur de l'univers, père des hommes, gardien de leurs principes spirituels, dispensateur de la pluie et maître de l'eau en général.

Après sa descente sur la terre, il reprendra sa forme première de silure et siégera dans l'eau pour révéler aux hommes la parole, les vingt-deux articulations de son corps correspondant aux vingt-deux catégories de la pensée d'Amma dans l'œuf primordial.

Reprenant son travail de création, Amma pétrit dans son sein, avec la matière du placenta originel, les huit premiers ancêtres de l'humanité (seconde génération mythique), soit quatre couples, « fils » du Nommo sacrifié, chacun étant associé à l'un des éléments fondamentaux : Amma Sérou et sa jumelle, témoin d'Amma, est associé à l'air ; Lébé Sérou, témoin du message d'Amma, à la terre ; Binou Sérou à l'eau et Dyongou Sérou, témoin d'Ogo, au feu. Chacun d'eux est aussi associé à l'une des huit graines dont le Nommo ressuscité portait le symbole dans ses clavicules et représente l'une des parties de son corps.

Le Nommo ressuscité est la tête, Amma Sérou sa poitrine, Lébé Sérou son abdomen, Binou Sérou ses bras toujours vivants, Dyongou Sérou son nombril et son sexe.

Outre ces huit ancêtres qui devaient descendre sur terre avec l'arche du Nommo, Amma créa le forgeron et le griot qui descendirent isolément. Le forgeron, fait du cordon ombilical du Nommo sacrifié, est considéré comme son jumeau. Pour descendre sur la terre, il reçut le pénis les testicules vides du sacrifié et son bras tranché transformé en masse contenant les huit graines de céréales, le pénis devenant la tuyère et les testicules les soufflets de la forge. [...]

Descendant de l'Arche, le Nommo laissa l'empreinte de sa sandale de cuivre sur le « champ » du Renard, en signe de prise de possession. Ce fut alors le premier lever de soleil. Tous les êtres vivants étant sortis de l'Arche, Amma fit remonter sa chaîne et « referma » le ciel, pour reprendre sa forme initiale de l'Œuf. Sous la forme d'un cheval, le Nommo tira l'Arche jusqu'à une dépression (celle du lac Débo, qui se remplit d'eau à la première pluie).

Dans cette première « mare », l'Arche flotta et c'est en cet élément aquatique, son domaine sur la Terre que le Nommo reprit sa forme première de silure. […] Le mythe insiste sur le fait que l'homme a été créé sans parole. La descente des ancêtres symbolisant leur naissance véritable, ils ne devinrent des hommes complets que lorsque le Nommo leur eut fait don de la parole par bonté envers l'humanité, pour rendre possible le progrès. C'est à partir de la « mare » où il siégeait qu'il la leur révéla à travers la technique du tissage. » N. Goisbeault, Un mythe de création ; le mythe dogon.

Cosmogonie des Dogons
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