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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Les DAÏNAS lettons

LES DAÏNAS

 

La principale source que nous possédions concernant la sagesse ancestrale de la Baltique sont les daïnas, des petits poèmes gravés sur des écorces et qui laissent transparaître une sagesse panthéiste. Les daïnas sont des très courtes chansons populaires (quatrain ou quintil), dont les premières compilations datent seulement du 18e et 19e siècles, mais dont les compositions remonteraient au début du second millénaire de notre ère. À cette époque, les Baltes n'étaient pas encore convertis au christianisme, et les daïnas témoignent donc d'une culture tout à fait ancestrale et panthéiste. La racine étymologique de « daïna » est d'ailleurs la même que celle de veda, et signifie « le savoir, la connaissance ».

Le nom balte « Daïna » possède, sans aucun doute, étymologiquement et sémantiquement une équivalence dans les langues indo-iraniennes. Il est étrange que la plupart des sommités linguistiques et culturelles ont ignoré l'affiliation du nom balte « Daïna » avec le nom védique « Dhena » et l'avestan « Daena ». [...] Le « Daena » de l'avestan désigne le concept théologico-philosophique de la totalité des propriétés psychiques et religieuses de l'Homme. C'est un ego spirituel, la partie immortelle de l'Homme, le logos mental.

Sunit K. Chatterji, Balts and Aryans (trad. J. R. Palieps, Les Daïnas des Lettons et les hymnes védiques, étude comparative dans le domaine mytho-poétique indo-européen Université de Montréal, 2007)

L'auteur letton Krisjanis Barons (1835 - 1923) fut le premier à les compiler et le linguiste Michel Jonval (1902 - 1935) traduisit l'ensemble de ce corpus en français, ce qui participa à leur diffusion à travers le monde. Ce dernier observe qu’« il reste un noyau préchrétien extrêmement important où, à côté de développements proprement lettons [...] nous distinguons assez sûrement, dans des divinités comme Saule, les Filles de Saule, les Fils de Dieu, un héritage de l'époque indo-européenne. » Les chansons mythologiques lettonnes.

« Les chansons populaires sont pour l’essentiel des quatrains, comparant un moment de la vie naturelle avec la vie humaine, et comportent rarement plus de trois thèmes. Malgré leur importance pour la vie nationale, elles n’évoquent que très rarement des moments historiques ou ce qui aurait pu être la vie des tribus lettonnes dans un passé ancien. Faute de données sur les conditions et le moment de leur création, elles semblent surtout se rapporter à la vie menée à la période médiévale et au début de la Renaissance (peu de mentions du luthéranisme, de la domination russe ou des livres imprimés). Même les chansons de caractère mythologique et évoquant certaines divinités semblent dater de cette époque où, malgré un christianisme de façade, le paganisme restait largement répandu. Évoquant le cycle naturel de la vie, de la nature comme des hommes, les « daïnas » (chants) sont perçus comme une véritable « Bible du peuple » reflétant l’âme lettonne, où la tristesse et le sérieux des motifs évoqués ne débouchent sur aucun désespoir, haine ou toute autre forme de sentimentalisme, mais plutôt sur une foi en la vie et la volonté de dépasser les épreuves, une opposition passive à la domination des seigneurs, voire une certaine ironie. » J. Gueslin, La collecte des « Dainas » par Krisjanis Barons (La Revue de la BNU, 16, 2017).

Dotés d'une beauté éthérée que l'on pourrait rapprocher du haïku japonais, les daïnas ne proposent cependant aucune cosmogonie claire et ils n'ont rien de théologique. Ces chansons archaïques sont des ritournelles accompagnant le travail des champs, plutôt que des prières à la gloire des éléments naturels. Les daïnas ont été largement étudiés par les universitaires, qui les relient sans aucune difficulté, au védisme comme au mazdéisme.

Il est important de noter ici que les Baltes sont restés pendant cinq ou six siècles (du 13e au 18e) comme les derniers païens de l'Europe chrétienne. L'acceptation du christianisme par les chefs des Baltes s'est faite pour des motifs politiques et pour éviter les guerres incessantes avec les agresseurs venant de l'Europe. Cette acceptation n'a pas eu beaucoup d'effet sur les gens ordinaires (la paysannerie), qui ont continué à garder leurs traditions et leurs croyances jusqu'au 18e siècle. C'est cette situation à l'écart des grands mouvements européens qui explique l'archaïsme relatif des traditions baltes. En même temps, dû aux influences étrangères, les Daïnas ont commencé à se transformer au point qu'aujourd'hui les Lettons eux-mêmes ne comprennent plus entièrement leur signification.

J. R. Palieps, Les Daïnas des Lettons et les hymnes védiques, étude comparative dans le domaine mytho-poétique indo-européen Université de Montréal, 2007

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